Le Moyen Âge constitue l’une des quatre grandes périodes de l’histoire de l’Europe et du bassin méditerranéen. Il suit l’Antiquité et s’achève avec la naissance des Temps modernes. Les historiens ne sont pas unanimes sur les dates exactes de ces changements d’époque, mais on considère généralement que le Moyen Âge s’étend du Ve au XVe siècle, donc sur près de mille ans.
En Europe de l’Ouest, le Moyen Âge débute avec la disparition de l’Empire romain d’Occident et la formation progressive de royaumes puissants en France, en Angleterre ou en Espagne. Au nord de la Méditerranée, le christianisme étend son influence, tandis que l’islam s’installe au sud. L’Empire romain d’Orient se maintient en Grèce et en Asie Mineure (auj. Turquie) pendant toute la période médiévale sous le nom d’Empire byzantin. Au cours de cette époque, les villes se développent sur l’ensemble du continent européen. Les paysans, nombreux, assurent la subsistance des populations, tandis qu’une minorité privilégiée, la noblesse, concentre entre[...]
Le haut Moyen Âge
La fin de l’Antiquité
Le haut Moyen Âge est généralement situé entre le Ve et le Xe siècle. Au milieu du Ve siècle, l’immense Empire romain, officiellement chrétien depuis 380, sous le règne de Théodose Ier, traverse de grandes difficultés économiques et politiques. Il est divisé en deux parties depuis 395 : sa partie occidentale est de culture latine et sa partie orientale de culture grecque. Chacune d’elles a son propre empereur. Au cours de cette période troublée, de nombreuses populations étrangères, souvent qualifiées de « barbares » par les Romains, migrent et s’installent dans l’empire de l’Ouest. Les Francs s’établissent, par exemple, au nord de la Gaule, tandis que les Vandales, venus de Germanie, atteignent l’Afrique du Nord. Les empereurs occidentaux voient leur pouvoir diminuer car les Germains occupent progressivement la majorité des postes militaires, même de commandement, délaissés par les citoyens romains. En 476, le chef « barbare » Odoacre chasse Romulus Augustule, le dernier empereur d’Occident. Il se taille alors un royaume éphémère en Italie.
À l’ouest, les Germains sont très peu nombreux : ils représentent sans doute moins de 5 % de la population du territoire de l’ancien Empire romain d’Occident. Le latin ne disparaît donc pas, tandis que les nouveaux venus se mélangent souvent avec les peuples locaux. Une nouvelle culture, « romano-barbare », apparaît progressivement en Europe. Des royaumes se mettent en place. Au VIe siècle, l’Ostrogoth Théodoric devient ainsi roi d’Italie. Les Burgondes règnent sur Lyon et Genève. Clovis, le roi des Francs, s’empare d’une grande partie de la Gaule. La Grande-Bretagne est partagée entre les royaumes anglo-saxons (d’origine germanique) et[...]
Des forces nouvelles
Au début du VIIe siècle, dans la péninsule arabique, les tribus locales s’unissent autour d’un chef, Mohamed (Mahomet), qui fonde une nouvelle religion, l’islam. Profitant de l’affaiblissement des Byzantins et des Perses, les Arabes s’emparent rapidement de tout le Proche-Orient. Puis ils envahissent l’Égypte et atteignent la péninsule Ibérique en 711. Celle-ci prend alors le nom d’al-Andalus. Les armées arabes échouent toutefois devant Constantinople en 718, devant Toulouse en 721 et entre Poitiers et Tours en 732. L’immense empire arabo-musulman est traversé par d’importantes tensions internes qui aboutissent à sa fragmentation progressive. Ainsi, à la fin du VIIIe siècle, un calife (souverain qui succède à Mohamed) règne à Bagdad (auj. Irak), tandis qu’un émir (prince) ennemi dirige Cordoue, la capitale de l’Espagne musulmane.
Au VIIIe siècle, en Gaule, les Francs sont peu à peu unifiés par une nouvelle dynastie, les Carolingiens. Charles Martel, le fondateur de cette famille, s’empare du pouvoir au détriment des anciens souverains mérovingiens, descendants de Clovis. Son fils Pépin le Bref est finalement couronné roi par le pape en 754 à Saint-Denis. Le fils de Pépin le Bref, Charlemagne, lui succède en 768 et mène de nombreuses conquêtes. Sous son règne, l’empire franc s’étend sur la France, l’ouest de l’Allemagne,[...]
La naissance de l’Europe chrétienne
Les Hongrois, qui étaient auparavant païens, finissent par adopter la foi catholique. Cela aide à leur intégration sur le continent et, en mettant fin aux périodes de violence généralisée, permet à l’Europe centrale de se développer. À l’est, ce sont des Vikings, appelés Varègues, qui donnent naissance à ce qui deviendra la Russie. En se convertissant au christianisme, ils se rapprochent de l’Empire byzantin, tout proche de leurs nouveaux territoires.
En 1054, le monde chrétien se divise en deux lors du schisme d’Orient. La branche occidentale, qui prie en latin, devient l’Église catholique, elle est dirigée par le pape depuis Rome. La branche orientale, qui prie en grec, devient l’Église[...]
Le Moyen Âge central
La société seigneuriale
La période qui s’étend du XIe au XIIIe siècle est appelée le Moyen Âge central, ou classique. Elle est caractérisée en Europe de l’Ouest par le développement des campagnes et des sociétés urbaines. La noblesse et les marchands des villes captent la majorité de ces richesses.
La population européenne augmente au cours du Moyen Âge central. Les techniques agricoles progressent et le climat est plus favorable, car plus chaud. La grande majorité de la population est constituée de paysans, qui vivent dans des seigneuries, petites communautés rurales où la terre est possédée par un noble, le seigneur. Ils lui paient des redevances en échange du droit de la cultiver. Les terres possédées par les nobles sont appelées des « fiefs ». Un fief est souvent concédé par un aristocrate puissant, appelé suzerain, à un noble de rang inférieur, appelé vassal, en échange de sa fidélité. Ces possessions se transmettent ensuite aux héritiers des anciens propriétaires, ce qui aboutit à renforcer la puissance de quelques familles. Les seigneurs vivent dans des châteaux forts, qui leur offrent une protection contre les envahisseurs et contre leurs rivaux. Ils s’entourent de chevaliers lourdement équipés, puissance déterminante sur le champ de bataille. Il y a cependant beaucoup de différences au sein de la noblesse : les plus pauvres ne possèdent qu’un château, tandis que les plus puissants, comme le roi et son[...]
La place de la religion dans la société
Le clergé, composé de tous les religieux, occupe une place très importante dans la société médiévale. Les curés administrent les sacrements, comme le baptême des enfants ou célèbrent les mariages. Ils sont sous l’autorité des évêques, installés en ville. Tous ces prêtres forment le clergé séculier, appelés ainsi car ils vivent « dans le siècle », c’est-à-dire au contact de la population. Les autres religieux, nonnes et moines, habitent dans des abbayes à l’écart du monde où ils suivent une règle monastique stricte. Ils forment ainsi le clergé régulier. Leur vie est rythmée par la lecture, les travaux des champs et la prière.[...]
L’essor du commerce en Occident
L’économie du Moyen Âge central est caractérisée par le développement de certaines régions, comme les Flandres, avec les villes de Bruges et Gand, ou l’Italie du Nord dont les cités commerçantes comme Pise, Gênes et Venise règnent sur la Méditerranée. On échange les précieuses marchandises venues de l’Orient, par exemple de la soie et des épices, contre des armes, de la laine et du bois d’Occident. En Bourgogne et en Champagne, les négociants du nord et du sud de l’Europe se rencontrent à date fixe, une fois par an, dans de grandes[...]
L’affirmation des royautés européennes
Au cours du Moyen Âge central, de grands royaumes prennent corps à l’ouest de l’Europe, en particulier la France et l’Angleterre.
En France, Hugues Capet a fondé, en 987, la dynastie capétienne. Sacrés à Reims, les rois capétiens proclament leur caractère exceptionnel par rapport aux autres seigneurs. Ils agrandissent le domaine royal, mais ont parfois des difficultés à imposer leur pouvoir sur les grands aristocrates. Ils utilisent notamment les mariages ou la guerre pour tenter d’agrandir les frontières de leur royaume. En 1214, le roi Philippe Auguste remporte ainsi à Bouvines une grande victoire contre les Flamands, les princes allemands et le roi d’Angleterre. Son pouvoir se renforce à l’intérieur, contre[...]
La chrétienté face à l’islam, au paganisme et aux hérésies
Le Moyen Âge central est également le temps des croisades. Ces conflits sont initialement provoqués en 1095 par la volonté du pape Urbain II de reconquérir la Terre sainte et la ville de Jérusalem, alors dominées par des souverains musulmans. De la fin du XIe siècle à la fin du XIIIe siècle, des guerriers européens, appelés croisés, tentent donc de mettre en place des États chrétiens au Proche-Orient. Ils se heurtent aux Sarrasins (Arabes) et aux Turcs, mais sont finalement vaincus en 1291 lorsque la dernière ville de ces États latins d’Orient, Acre, tombe aux mains d’une armée musulmane.
En Espagne, les royaumes chrétiens du nord, la Castille et[...]
Le rayonnement culturel et artistique
Le Moyen Âge central est une période de développement culturel. À Tolède, en Espagne, de nombreux traducteurs maîtrisant le latin, le grec et l’arabe permettent à l’Occident chrétien de redécouvrir les savants et philosophes antiques comme Ptolémée, Hippocrate ou Aristote. L’astronomie, la médecine ou les mathématiques font donc des avancées spectaculaires grâce aux apports des auteurs arabes. Les techniques se développent aussi avec la généralisation des moulins à eau et à vent, l’invention des horloges, des lunettes, ou l’apparition de la charrue. Les nobles européens développent des goûts artistiques raffinés et apprécient les poèmes héroïques des troubadours dans lesquels se diffusent les idéaux de l’amour courtois.
Les monastères et les églises, comme Sainte-Foy de Conques, Saint-Pierre de Moissac, progressivement[...]
Le Moyen Âge tardif
Les royaumes d’Occident face aux crises
Les XIVe et XVe siècles constituent ce que l’on appelle le Moyen Âge tardif, ou bas Moyen Âge. Cette période est caractérisée par de nouvelles difficultés, comme de mauvaises récoltes, la guerre de Cent Ans et une terrible épidémie de peste à partir de 1347, qui entraîne la disparition de plus d’un tiers de la population européenne en moins de dix ans. De nombreux Européens apeurés accusent alors les juifs d’être responsables de leurs malheurs et les persécutions se multiplient. Dans les campagnes, des révoltes paysannes contre les seigneurs éclatent parfois devant la dureté des conditions de vie : ce sont les « jacqueries ». Malgré tout, après les malheurs du XIVe siècle, le commerce reprend et, au milieu du XVe siècle, une ville comme Paris dépasse les 100 000 habitants.
Le Moyen Âge tardif est également une période de modernisation des États européens. Les royaumes d’Angleterre, de France, de Castille[...]
Vers un monde nouveau ?
L’émergence de l’Empire ottoman conduit certains royaumes, comme le Portugal ou l’Espagne, à essayer de trouver de nouvelles routes pour atteindre les Indes et ses précieuses marchandises. C’est donc le début de l’exploration de l’Atlantique et des côtes de l’Afrique. En 1492, un marin génois au service de l’Espagne, Christophe Colomb, découvre les Antilles. Six ans plus tard, en 1498, le Portugais Vasco de Gama parvient aux Indes après avoir contourné l’Afrique. Ces « Grandes Découvertes » réalisées par les Européens sont parfois considérées comme l’origine lointaine de la mondialisation actuelle.
Durant le Moyen Âge tardif, les universités européennes se développent, dont certaines, comme celle de Bologne ou de la Sorbonne à Paris, qui existaient déjà depuis très longtemps. Les juristes, spécialistes du droit, prennent de l’importance et soutiennent le renforcement de l’autorité des rois au détriment des anciennes coutumes et de l’influence du pape. De plus en plus, même dans les milieux savants, les langues nationales s’affirment. L’Italien Dante (XIVe siècle) ou le Français François Villon (XVe siècle) écrivent de grandes œuvres poétiques dans la langue de leurs peuples, qui témoignent de la vitalité créative de l’époque. Ainsi, la culture européenne se diversifie et échappe peu à peu au contrôle exclusif de l’Église. Les riches marchands italiens ou flamands veulent par exemple afficher leur réussite en décorant leurs maisons et achètent des tableaux, permettant à des artistes de vivre et de développer leurs talents. L’attrait pour les tapisseries s’affirme aussi,[...]
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