La tragédie est un genre théâtral. Elle désigne une catégorie de pièces de théâtre ayant en commun des thèmes et des caractéristiques de forme, telles que le découpage en actes et la forme versifiée. Cela la distingue du tragique, un registre qui illustre une vision pessimiste de la condition humaine. Ainsi, on peut trouver du tragique dans des romans. Inversement, un genre comme la tragi-comédie, dans lequel le dénouement est heureux et où on range habituellement Le Cid de Pierre Corneille, n’est pas à proprement parler tragique. Retenons que la tragédie est en règle générale une pièce « qui finit mal ».
Apparues dans la Grèce antique (Eschyle, Sophocle, Euripide), considérées par Aristote comme le plus noble des genres littéraires, les tragédies sont organisées à l’occasion de fêtes religieuses en l’honneur du dieu Dionysos. Elles ont pour sujet des légendes connues du public avec des personnages illustres (Œdipe, Antigone) qui affrontent la fatalité. Les dialogues parlés alternent avec les chants d’un chœur qui commente l’action et met en valeur le sens religieux de la pièce. Le spectacle des épreuves que le destin implacable inflige aux héros vise à susciter chez le spectateur la terreur, la pitié et l’admiration.
Dans l’histoire de la littérature française, la tragédie atteint son apogée au XVIIe siècle, avec notamment les dramaturges Pierre Corneille et Jean Racine, qui s’inspirent des pièces de l’Antiquité. Corneille, davantage tourné vers l’époque romaine, met en scène des personnages hors du commun qui doivent choisir entre leur amour et leur sens du devoir : dans Horace(1640), le héros se voit contraint de combattre son meilleur ami et de tuer sa sœur. Racine crée des protagonistes en proie à des passions dévorantes qui conduisent à la mort, comme c’est le cas dans Britannicus (1669), Phèdre(1677) ou Athalie(1691).
Ces dramaturges s’imposent des règles pour donner un spectacle grandiose et l’illusion de la vérité. L’action et le ton de leurs tragédies doivent correspondre à la grandeur morale de leurs héros, tous de rang social élevé. La bienséance est respectée, et aucun acte violent ou choquant n’est représenté sur scène. L’intensité dramatique est servie par la règle des trois unités[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter