Jean Racine est un des plus importants auteurs de théâtre français du XVIIe siècle, et le meilleur représentant, avec son contemporain et rival Pierre Corneille, de la tragédie classique. Il a porté ce genre à la perfection dans des pièces[...]
De l’abbaye de Port-Royal à la cour de Versailles
Jean Racine naît le 22 décembre 1639 à La Ferté-Milon, aujourd’hui dans le département de l’Aisne. Très tôt orphelin, il est élevé par sa grand-mère qui le confie aux religieux jansénistes de l’abbaye de Port-Royal des Champs, important foyer intellectuel situé près de Paris. Là, il reçoit un enseignement de qualité, nourri surtout de culture antique.
À partir de 1658, Jean Racine vit à Paris et envisage de faire une carrière judiciaire. Il fréquente aussi les milieux littéraires et mondains et commence à écrire des vers. Il séjourne ensuite à Uzès, au sud-est de la France, où vit son oncle prêtre qui songe à lui procurer une charge religieuse. De retour dans la capitale, il prend ses distances avec Port-Royal et les jansénistes. Il écrit des poèmes de cour à la gloire du roi Louis XIV et côtoie Boileau et Molière.
En 1664, Jean Racine propose sa première tragédie, La Thébaïde,à la troupe de théâtre de Molière qui la joue sans succès. La suivante, Alexandre le Grand, en 1665, toujours confiée à Molière, est très bien accueillie. Malgré ce succès, Racine fait jouer sa pièce par les rivaux de Molière, les comédiens de l’Hôtel de Bourgogne. Son choix provoque la colère de Molière et les deux hommes se brouillent définitivement.
Bientôt, Racine connaît un triomphe avec sa tragédie Andromaque (1667) dont le rôle principal est interprété par une actrice de renom,[...]
Des passions destructrices au cœur de la tragédie racinienne
L’œuvre de Racine est réduite en nombre et assez homogène. Elle compte dix tragédies et une comédie. Le dramaturge a également écrit des textes théoriques, des poèmes de circonstance et un Abrégé de l’histoire de Port-Royal. Sa comédie Les Plaideurs est une satire de la justice et des gens procéduriers. Elle a pour but avoué d’égaler, voire de surpasser, Molière. L’expérience n’aura pas de suite. En effet, le genre dans lequel Racine excelle reste la tragédie en cinq actes et en alexandrins sur des sujets tirés, pour la plupart, de la mythologie et de l’histoire grecques et latines. Bajazet est la seule de ses pièces à s’inspirer d’un sujet contemporain.
Racine prend modèle sur les grands auteurs de l’Antiquité, tels que Sophocle, Euripide ou Sénèque, et puise ses sources dans la Bible ou chez les historiens comme Suétone ou Tacite. Conformément à l’idéal classique du naturel, la volonté affichée de Racine est de plaire et de toucher tout en délivrant une leçon politique ou morale. Pour y parvenir, il choisit de simplifier les intrigues, de limiter l’action et de réduire les effets dramatiques pour laisser plus de place à l’expression des passions : « L’invention consiste à faire quelque chose de rien », écrit-il dans la Préface de Bérénice. Plutôt respectueux de la règle des trois unités (temps, lieu et action), Racine ouvre le plus souvent ses pièces sur une situation de crise :
- Néron convoite Junie, promise à Britannicus (Britannicus) ;
- Oreste vient demander qu’on lui livre Astyanax, le fils d’Hector et[...]
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