Pierre Corneille fut le plus important poète et auteur dramatique français de la première moitié du XVIIe siècle. On lui doit des pièces célèbres, comme Le Cid ou Horace, où se dessine la figure du « héros cornélien », jeune personnage[...]
De la comédie à la tragédie
Pierre Corneille naît le 6 juin 1606 à Rouen (aujourd’hui dans le département de la Seine-Maritime) dans une famille de magistrats. Après des études chez les jésuites, il suit une formation juridique et devient avocat dans sa ville natale, charge qu’il occupera jusqu’en 1651. En 1629, il rompt avec sa vie de notable pour faire jouer par une troupe parisienne sa première comédie, Mélite. Le succès qu’il rencontre l’encourage à persévérer dans cette veine avec La Place Royale (1634), L’Illusion comique (1637) et, plus tard, Le Menteur (1645).
Mais la pièce qui va lui apporter la célébrité et la protection de personnalités importantes de l’époque, Richelieu notamment, est une tragi-comédie, c’est-à-dire une tragédie qui connaît un dénouement heureux. Il s’agit du Cid (1636) qui reçoit un accueil triomphal et provoque bientôt une retentissante « querelle » littéraire en raison de certaines libertés que prend l’auteur[...]
Plaire et convaincre
L’œuvre de Corneille est marquée par l’abondance et la diversité. En effet, à côté de ses dix-neuf tragédies, il nous laisse neuf comédies (dont une comédie-ballet, Psyché, en collaboration avec Molière et Lully) et cinq comédies héroïques ou tragi-comédies. Au cours de sa longue carrière (quarante-cinq ans), il a su évoluer et s’adapter aux tendances esthétiques de son temps. On peut voir en lui aussi bien un auteur « classique » (par la rigueur de la construction, le respect des règles dramaturgiques) qu’un auteur « baroque » (par le mélange des tons et la recherche de la surprise).
Corneille n’hésite pas à reprendre et corriger ses œuvres, précisant ses conceptions dans des textes théoriques, les Discours, qui accompagnent la publication de ses œuvres complètes en 1660, et les Examens. Son objectif majeur, comme le veut son époque, est celui de plaire à la fois à la Cour et au public des théâtres. Mais il veut aussi enseigner, en peignant les vices et les vertus et en célébrant des actions nobles et courageuses : les comportements qu’il décrit ont valeur d’exemple. Pour y parvenir, il privilégie une action riche, ponctuée de rebondissements, adaptant avec souplesse la règle des trois unités (de temps, de lieu et d’action) et la bienséance (ne pas choquer le public), utilisant avec maîtrise l’alexandrin dans d’éloquentes tirades et d’habiles joutes (combats) verbales. Sa langue est riche de figures de style (antithèses, hyperboles, etc.), ce qui la rend parfois emphatique ou complexe. Ses personnages, souvent jeunes, à l’image de Rodrigue et Chimène dans Le Cid, sont de haute naissance. Ils s’imposent une conduite fondée sur le mérite et le devoir, et préfèrent toujours l’honneur lié à leur rang à l’amour.
Ses pièces ont le plus souvent[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter