Tragédie et violence chez Jean Racine
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Chez Corneille, le héros est capable de maîtriser ses désirs (amoureux, politiques), et donc de les sublimer. Il en va autrement dans les tragédies de Racine : l'expression d'un sentiment s'y transforme souvent en cruauté.
Racine représente la violence à l'état brut. Avec lui, la tragédie met en scène l'instinct, son irrésistible puissance, ses méfaits. L'amour des romans, la passion sublimée par le dévouement y fait place à l'amour sans règle, désir de posséder ou de détruire. L'ambition n'est plus que l'inquiétude de dominer, et le drame politique qu'un conflit d’intérêts sans signification morale. L'orgueil lui-même n'est que dureté ou mauvaise honte. La pensée n'éclaire plus la conduite du héros, elle l'entoure de prétextes honteux qui facilitent à l'instinct son triomphe. Il y a dans le théâtre de Racine un accent de vérité sans pitié.