En littérature, le naturel est ce qui s’oppose à l’artificiel, à tout ce qui semble résulter d’un effort ou d’un travail trop évident. Cette acception, qui s’impose surtout à l’époque du classicisme, découle de l’étymologie du mot « nature », cette réalité physique qu’étudient les sciences[...]
Un art de la mesure
Les écrivains du XVIIe siècle vont à leur tour militer pour un art sans apprêt, fidèle reproduction de la vérité du monde. Molière, dans Les Précieuses ridicules(1659), tourne en dérision les excès de l’artifice dans le langage et les manières. Le personnage d’Alceste, dans Le Misanthrope (1666),condamne lui aussi l’hypocrisie de son époque, qui oublie de se conformer au naturel. La volonté de « plaire » (« règle de toutes les règles ») que recherche Molière s’appuie sur une exigence de simplicité dans les intrigues, la peinture des caractères, le choix des mots. Le théâtre, même dans le genre comique, doit rester dans la juste mesure, en respectant la nature et en visant une morale du bon sens et de l’équilibre, celle que défend le personnage de Philinte[...]
Du naturel au naturalisme
Le sens qu’on donne au mot évolue par la suite. Au temps des Lumières, le naturel, comportement fondé sur l’observation et le respect de la nature, désigne une orientation philosophique qui attache une valeur suprême à la nature.
Dans le dernier tiers du 19e siècle, le courant « naturaliste », théorisé par Émile Zola, se fixe pour objectif d’observer de façon scientifique la nature pour la représenter dans une œuvre littéraire. « Prendre les faits dans la nature », demande Zola, qui déclare tendre vers « une œuvre de vérité », éloignée de l’idéalisme et des conventions. Ce sera le projet du cycle romanesque des [...]
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