L’expression « guerre froide » désigne le conflit qui opposa les États-Unis et l’URSS durant la seconde moitié du XXe siècle. Trois traits fondamentaux la caractérisent : d’abord, la nature indirecte de l’affrontement, d’où l’adjectif « froide » qui qualifie cette « guerre[...]
La naissance de la guerre froide
C’est le divorce entre les deux grands vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale qui est à l’origine de la guerre froide. L’alliance entre les États-Unis et l’URSS, qui avait permis de l’emporter contre les puissances de l’Axe (Allemagne,[...]
Opposition progressive entre les vainqueurs
La Seconde Guerre mondiale n’est pas terminée que la méfiance s’installe entre les deux grands artisans de la victoire sur l’Allemagne et le Japon. Si l’entente entre les États-Unis et l’URSS prévaut encore à la conférence de Yalta, en février 1945, elle n’est plus de mise quelques mois plus tard, à Potsdam (juillet-août 1945), dernière grande conférence interalliée, où de nombreux désaccords apparaissent.
Du côté des États-Unis, la mort du président Franklin D. Roosevelt, en avril 1945, constitue un premier facteur de détérioration des relations, son successeur, Harry Truman, étant beaucoup moins enclin aux concessions. Ensuite, la capitulation de l’Allemagne nazie, le 8 mai 1945, rend[...]
1947, l’année de la rupture
L’expansion soviétique en Europe et au Moyen-Orient précipite la rupture. En Iran, tout d’abord, les Russes poussent les Kurdes à la révolte, puis occupent l’Azerbaïdjan, tandis qu’ils revendiquent de partager le contrôle des détroits avec la Turquie, et que les communistes grecs tentent de s’emparer du pouvoir. Mais c’est surtout en Europe de l’Est que la poussée est la plus marquée. L’installation progressive de régimes communistes, favorisée par la présence de l’Armée rouge, conduit à l’élimination des forces démocratiques et à la mainmise russe sur tous ces pays, qu’on appellera les démocraties populaires.
Cette mainmise provoque l’indignation des Anglo-Saxons. Dès 1946, le Britannique Winston Churchill dénonce le « rideau de fer » qui s’est abattu sur l’Europe ; l’année suivante, les États-Unis réagissent avec vigueur : au nom de la doctrine Truman d’endiguement du communisme, ils décident de fournir à la Grèce et à la Turquie une aide financière qui, en juin 1947, est étendue à toute l’Europe avec le plan Marshall, destiné[...]
Formation de deux blocs antagonistes
Très vite, l’opposition entre les États-Unis et l’URSS aboutit à la constitution de deux blocs rivaux qui divisent le monde. Cet antagonisme est d’abord idéologique : le modèle capitaliste des États-Unis, fondé sur la démocratie parlementaire, la libre entreprise et la société de consommation, s’oppose au modèle communiste de l’URSS, fondé sur le parti unique, l’économie collectivisée et l’idéal d’une société sans classes. Ces deux doctrines se matérialisent géographiquement avec, à l’Ouest, une aire soudée économiquement par le plan Marshall puis par l’Organisation européenne de coopération économique (OECE) et, à l’Est, une aire dont le Conseil d’assistance économique mutuelle (CAEM) assure l’unité et la cohérence. Deux[...]
Les phases de la guerre froide
L’intensité de l’affrontement entre les États-Unis et l’URSS n’est pas constante au cours de ces années, mais rythmée au contraire par une alternance entre phases de tension[...]
L’apogée de la guerre froide (1947-1962)
La division du monde en deux blocs engendre des conflits d’intensité croissante, d’abord en Europe, puis en Asie et dans le reste du monde.
L’Allemagne est le théâtre de la première crise entre Washington et Moscou. Face à l’unification progressive des trois secteurs occidentaux d’occupation (secteurs américain, britannique et français), Staline réagit en établissant le blocus terrestre de Berlin-Ouest en 1948. La fermeté des États-Unis, qui maintiennent ouvert un couloir aérien pour ravitailler les Berlinois, conduit Moscou à reculer, sans pouvoir empêcher toutefois, en 1949, la division du pays en deux États, la République fédérale d’Allemagne (RFA) et la République démocratique allemande (RDA).
L’année suivante, la tension s’accroît avec l’invasion de la Corée du Sud, sous protection américaine, par la Corée du Nord communiste, entraînant les États-Unis dans une coûteuse guerre de Corée. Après l’intervention militaire de la Chine et la menace américaine d’utiliser l’arme[...]
La détente (1962-1975)
Les deux blocs, par ailleurs, se fissurent. Depuis le milieu des années 1950, le mouvement des non-alignés, pour la plupart de nouveaux États issus de la décolonisation, refuse cette bipartition du monde. Le phénomène s’intensifie dans les années 1960 avec, à l’Ouest, la politique d’indépendance nationale menée en France par Charles de Gaulle, puis l’Ostpolitik de Willy Brandt en Allemagne. Pendant ce temps, à l’Est, la remise en cause de la tutelle soviétique se poursuit avec le Printemps de Prague en Tchécoslovaquie, en 1968, et, surtout, avec la rupture entre la Chine et l’URSS, qui provoque des affrontements armés sur leur frontière commune.
Cette détente n’empêche toutefois[...]
La guerre fraîche (1975-1985)
À partir du milieu des années 1970, l’effacement temporaire des États-Unis, consécutif notamment à la défaite du Vietnam puis à la révolution iranienne, laisse libre cours à l’expansion soviétique, menée par le dirigeant Leonid Brejnev. L’URSS prend pied en Afrique (installation de régimes communistes en Éthiopie, en Angola et au Mozambique), en Asie (invasion de l’Afghanistan) et en Amérique centrale (socialisation de l’économie au Nicaragua), tandis que l’arrivée au pouvoir du général Jaruzelski à Varsovie, en 1981, réaffirme la mainmise[...]
La culture de la guerre froide
La guerre froide n’a pas seulement dominé les relations internationales, elle a eu aussi de profondes répercussions sur la vie intérieure des États.[...]
La science mobilisée
La Seconde Guerre mondiale avait favorisé des innovations majeures (radar, propulsion à réaction, antibiotiques et arme atomique) ; les deux Grands ne pouvaient manquer d’enrôler les scientifiques au service de leur cause.
La rivalité est vive en matière nucléaire depuis que les Russes, en 1949, sont parvenus à maîtriser l’arme atomique. Dans ce domaine, des scientifiques qui sont à l’origine d’avancées majeures, mais qui ont pris conscience du danger potentiel de leurs inventions, subissent parfois des sanctions de la part de leurs dirigeants : Julius Robert Oppenheimer, père de la bombe A (ou bombe atomique) américaine, se voit retirer toutes responsabilités dans le domaine nucléaire pour son refus de participer à la réalisation de la bombe H (ou bombe à hydrogène) ; en France, Frédéric Joliot-Curie est révoqué en 1950 de ses fonctions au Commissariat à l’énergie atomique pour ses idées communistes ; Andreï[...]
Les arts sous influence
Le domaine artistique est un des vecteurs privilégiés de la propagande, dans l’affrontement planétaire auquel se livrent Russes et Américains. Alors que le principe du réalisme socialiste (l’artiste doit montrer la réalité de la vie et contribuer à l’éducation des travailleurs), défendu par Jdanov, prévaut dans le camp communiste, nombre d’artistes de l’Ouest sont, à un moment ou à un autre, « compagnons de route » du Parti communiste : par exemple, en France, Pablo Picasso ou Louis Aragon.
Le cinéma, en particulier aux États-Unis, n’est pas épargné par cette guerre idéologique. Les studios hollywoodiens sont la cible, à partir de 1950, des attaques virulentes du sénateur Joseph McCarthy. Celui-ci, nommé à la tête de la Commission des activités antiaméricaines, se lance dans une[...]
Le sport, un enjeu de la guerre froide
Moyen d’expression de la fierté nationale, le sport est un enjeu important dans la course au prestige engagée par les deux Grands. Cette rivalité se traduit essentiellement par l’affrontement entre des figures sportives emblématiques de chaque camp. Elle existe dans un sport aussi populaire que le football, comme lors de la Coupe du monde de 1954, avec la finale entre la République fédérale d’Allemagne (RFA) et la Hongrie, puis à l’occasion de la rencontre RFA-RDA en 1974, tout autant que dans le cyclisme, avec le duel entre Fausto Coppi et Gino Bartali. Dans l’Italie de la guerre froide partagée entre l’Église et le Parti communiste, les deux coureurs, contre leur gré,[...]
La fin de la guerre froide
Épuisée par la reprise de la guerre froide, l’URSS prend l’initiative d’appeler à la détente, mais le mouvement de réforme lancé par son nouveau[...]
La fin du bloc soviétique
L’URSS se trouve confrontée, depuis le début des années 1980, à de graves problèmes : l’enlisement dans la guerre d’Afghanistan, la persistance de l’agitation en Pologne et la reprise de la course aux armements, qui ruine un pays déjà affaibli. La succession rapide de trois dirigeants soviétiques qui meurent de vieillesse apparaît comme un signe annonciateur de l’épuisement du système.
Mikhaïl Gorbatchev, âgé de cinquante-quatre ans lorsqu’il arrive au pouvoir en 1985, décide de lancer un vaste mouvement de détente, tant intérieur qu’extérieur, connu sous les noms de glasnost (la transparence) et de perestroïka (la reconstruction). Cette politique aboutit, dans un premier temps, à la reprise du processus du désarmement, puis au retrait des troupes soviétiques d’Afghanistan, mais provoque[...]
La fin de l’URSS
Cette vague d’émancipation, qui vient de secouer le joug communiste en Europe, s’étend rapidement aux républiques constituant l’URSS, qui réclament les unes après les autres leur indépendance. Mikhaïl Gorbatchev, à l’origine d’un phénomène qu’il essaie désormais vainement de freiner, est alors renversé par des militaires représentant la vieille garde du Parti communiste, en août 1991.
Cette tentative de coup d’État échoue cependant,[...]
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