Poète et romancier français du XXe siècle, Louis Aragon fut l’un des fondateurs, avec les écrivains français André Breton[...]
L’amour et le communisme
Louis Aragon voit le jour le 3 octobre 1897 à Paris, où il est élevé par sa mère. Il fréquente le lycée Carnot puis entame des études de médecine, interrompues par la Première Guerre mondiale et son départ sur le front en 1918. Démobilisé en 1919, il lance, avec André Breton et Philippe Soupault, la revue d’avant-gardeLittérature,où paraissent ses premiers textes. Il se rapproche du mouvement dada de Tristan Tzara qu’il abandonnera, le jugeant trop négatif. Aragon fait paraître, en 1921, Anicet ou le Panorama, roman d’inspiration surréaliste. Puis, après avoir renoncé à la médecine, il publie Le Paysan de Paris (1926) et Traité du style (1928),deux ouvrages innovants : le premier, par sa capacité à introduire le merveilleux dans le quotidien, et le second, par sa verve polémique. Après diverses aventures sentimentales, souvent douloureuses, la rencontre, en 1928, d’Elsa Triolet, écrivaine russe établie en France, va constituer un tournant dans la vie d’Aragon. Leurs existences seront dès lors inséparables et Elsa deviendra pour lui une compagne et une inspiratrice.
Aragon adhère au Parti communiste français en 1927. Il accomplit plusieurs voyages en URSS (Union des républiques socialistes soviétiques). Son engagement sans réserve envers l’URSS l’amène, en 1932, à rompre avec les surréalistes. Il publie des poèmes conformes à ses nouvelles positions politiques (Hourra l’Oural, 1934), rédige des articles pour des journaux communistes[...]
Une œuvre et une personnalité multiples
Aragon laisse une œuvre littéraire abondante et variée, à l’image de sa personnalité changeante et multiple. Son premier livre important, Le Paysan de Paris, écrit en pleine période surréaliste, est un texte inclassable, que l’auteur présente comme étant de « simples promenades mêlées de réflexions ». Il relève à la fois du roman, de la confidence, de la parodie de guide touristique, du poème en prose et de l’essai. Ce désir de mélanger les genres littéraires et les tonalités se retrouve dans la suite de l’œuvre de l’écrivain, notamment dans Aurélien. À la fois histoire d’un amour avorté, roman sur la guerre, et peinture d’une personnalité tourmentée, l’œuvre est aussi un témoignage sur le milieu artistique des « années folles ». Elle s’ouvre sur un incipit célèbre annonçant le contenu du livre : « La première fois qu’Aurélien vit Bérénice il la trouva franchement laide. »
Cette même indétermination des genres se retrouve dans les romans de la dernière période de la vie d’Aragon. Le Roman inachevé,son œuvre autobiographique, se présente sous la forme d’un recueil poétique, tout en faisant apparaître dans son titre le mot « roman », celui d’une vie restituée grâce au miroir des souvenirs d’un homme cherchant à reconstruire son passé :
« Sur le Pont-Neuf j’ai rencontré / L’ancienne image de moi-même ».
Ce distique (groupe de deux vers donnant un sens complet) fait référence au dédoublement,[...]
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