JAPON

Le cadre physique

Le Japon est un archipel composé de 6 852 îles. Les quatre plus importantes, du nord au sud, Hokkaido, Honshu, Shikoku et Kyushu, forment un bloc central-insulaire, dit hondo : elles couvrent plus de 95 % du territoire et abritent l’essentiel de la population. À l’opposé, les îles éloignées, dites rito, ne représentent que 1 % de la superficie et de la population, mais dotent le pays d’un vaste territoire maritime de 4,4 millions de kilomètres carrés - le neuvième au monde.

Essentiellement montagneux, le Japon est un pays où les surfaces planes sont peu nombreuses, à l’exception de l’île d’Hokkaido. L’île de Honshu est traversée du nord au sud par les « Alpes japonaises », qui culminent autour de 3 000 mètres d’altitude. Le point le plus haut du pays atteint cependant 3 776 mètres avec le mont Fuji, un volcan endormi, classé au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO en 2013. Les hauteurs sont bien souvent recouvertes de forêts. Honshu présente deux grandes[...]

Le climat

Le Japon s’étire sur plus de 3 000 kilomètres du nord au sud, ce qui explique la présence de très nombreux climats en fonction des différents espaces géographiques. L’île d’Hokkaido et le nord de Honshu (la région du Tohoku) subissent des influences continentales subarctiques et sibériennes, marquées par des hivers très froids avec des chutes de neige abondantes, et des étés doux. Les régions du centre de Honshu sont plutôt tempérées, avec toutefois des étés chauds et un fort taux d’humidité. Le sud de l’archipel, en particulier Okinawa, connaît des influences subtropicales chaudes[...]

La population

Le Japon connaît une densité démographique élevée en moyenne (335 hab./km²),mais la population est très inégalement répartie sur le territoire. D’une façon générale, elle se concentre dans les plaines côtières et les bassins intérieurs, alors que les espaces de montagnes sont assez peu peuplés. Cette disparité s’explique par le choix d’origine du monde paysan de cultiver le riz par irrigation, méthode qui privilégie les terrains plats. Les populations se sont alors installées à proximité des rizières.

Les trois quarts des habitants se concentrent dans la mégalopole (appelée parfois aussi de façon abusive « Japon de l’endroit »). Vaste entité allant de Sendai, au nord de Honshu, jusqu’à Kumamoto dans le centre de Kyushu, elle regroupe la quasi-totalité des grandes villes de l’archipel, dont Tokyo, Osaka et Nagoya, et l’essentiel des activités, des richesses des infrastructures de transport lourdes (dont le train à grande vitesse Shinkansen ).

À l’opposé, le Japon périphérique, parfois appelé péjorativement « Japon de l’envers », comprend les territoires nord (dont Hokkaido), le littoral de Honshu faisant face à la Chine, une grande partie de Shikoku, le sud et l’est de Kyushu, les îles de la mer intérieure et les îles éloignées. Ces régions se caractérisent par des densités de peuplement moins importantes, des villes petites et moyennes, une industrie moins présente et des processus de fort vieillissement couplés à un dépeuplement généralisé.

Les recensements de 2010 et 2015 ont montré que le Japon perdait des habitants. La projection de population sur 2060 prévoit[...]

Un secteur primaire en déclin

L’État japonais soutient l’agriculture nationale par une politique de maintien des cours qui se traduit par l’encadrement de certains prix, des droits de douane élevés et des quotas de production, en particulier pour le riz. Malgré cela, le secteur agricole est en grande difficulté, avec des exploitations de petite taille (1 à 2 hectares) et des paysans de moins en moins nombreux, et âgés. Le soutien de l’État représente plus de la moitié du revenu d’un agriculteur.

La production, en baisse dans l’agriculture, la pêche et l’exploitation forestière, loin d’assurer une autosuffisance alimentaire, ne couvre que 40 % des besoins. Seule la production[...]

Un modèle de développement industriel original

La puissance économique du Japon repose sur un modèle de développement dit « en vol d’oies sauvages ». Au tournant du XX^e siècle, afin de combler son retard économique sur l’Europe et l’Amérique du Nord, le gouvernement et les grands conglomérats japonais décident une ambitieuse politique d’industrialisation sur le long terme.

Alors que les produits de faible technicité et à faible valeur ajoutée étaient jusque-là importés, le Japon a commencé à les fabriquer sur place pour son marché intérieur puis à les exporter. Sa production est ensuite montée progressivement en gamme, avec des biens de meilleure qualité et à plus forte valeur ajoutée, dont la fabrication a ensuite été délocalisée. Dans le même temps, les pays qui reprenaient les anciennes productions japonaises entamaient leur propre développement. Représenté graphiquement, le modèle de production forme un schéma dont les courbes rappellent la forme d’un vol d’oies sauvages. Conçu au Japon, ce modèle a été[...]

Le temps des crises

Au début des années 1990, le Japon a connu une succession de crises économiques et financières, parallèlement au « gonflement d’une bulle immobilière » (hausse forte et rapide des prix de l’immobilier), qui se sont traduites par vingt ans de croissance faible voire nulle et de baisse des prix, phénomène appelé déflation.

Les indicateurs économiques japonais se sont détériorés : augmentation d’un chômage historiquement très bas, fin du système de l’emploi à vie dans les grandes sociétés nationales, baisse des prix et des salaires. Dans son contexte régional, le Japon s’est alors effacé derrière d’autres puissances comme la Chine. Nombre de sièges sociaux d’entreprises étrangères ont quitté Tokyo pour Hong Kong, Singapour ou Shanghai. Durement touché à nouveau par la crise économique mondiale de 2008, le Japon renoue depuis lors avec la croissance, mais celle-ci reste fragile.[...]

Aux origines de l’Histoire du Japon

L’histoire riche et multiséculaire du Japon est divisée par les historiens en quatorze époques. La première, dite Jomon, s’étend de 15 000 à 300 ans avant notre ère. Particulièrement longue, elle correspond à une transition entre Paléolithique et Néolithique et doit son nom à la « poterie Jomon » (littéralement « motif par impression de cordes tressées »), très particulière, qui la caractérise. Au cours de cette époque, de nombreuses migrations de peuples venus d’Insulinde (ensemble d’îles situées en Asie du Sud-Est, à plus de 5 000 kilomètres au sud du Japon)[...]

Les fondations mythologiques et politiques de l’empire japonais

Bien que l’on n’en connaisse pas les limites territoriales précises, le Yamato désigne un proto-Japon (ancêtre du Japon actuel) correspondant à la région de l’actuelle ville de Nara, située au centre du pays. Il témoigne d’un glissement vers le nord du centre de gravité du peuplement et du pouvoir de Kyushu vers Honshu au tournant du IV^e siècle. Ses habitants se désignent sous l’appellation de « Wa ». Le Yamato est aussi une période charnière entre préhistoire et Antiquité. Allant de 250 à 710, il est subdivisé en deux époques : Kofun (250-538), qui marque la fin de la préhistoire japonaise, et Asuka (538-710), qui correspond au début de la période antique.

L’époque Kofun doit son nom aux tertres funéraires que les seigneurs de clans locaux de Honshu érigent à partir du III^e siècle. Les plus célèbres ont une forme en trou de[...]

Nara et Heian : le premier âge d’or du Japon

Les époques Nara (710-794) et Heian (794-1185) se caractérisent par une opposition croissante entre le pouvoir de la cour impériale où se construit une culture classique, et la montée en puissance d’un contre-pouvoir militaire et administratif autour de chefs de clans puissants.

L’époque Nara s’ouvre en 710 avec la fondation par l’impératrice Genmei de la nouvelle capitale impériale, Heijo-kyo (ancien nom de l’actuelle ville de Nara), mettant ainsi fin aux fréquents déménagements de la cour et symbolisant le renforcement de la centralisation politique du royaume. Le dynamisme de la cour impériale, cultivée et raffinée, conduit à la rédaction de quelques-uns des textes fondateurs de la culture et de la littérature japonaises classiques, dont le célèbre Kojiki, recueil achevé en 712, qui mêle les mythes sur l’origine des îles et des dieux japonais et chroniques[...]

Le premier shogunat et l’apogée des gouvernements militaires

Le Moyen Âge japonais commence avec une guerre qui oppose pendant cinq ans le clan Taira au clan Minamoto. La victoire de ce dernier mené par Minamoto no Yoritomo en 1185 ouvre l’époque dite Kamakura (1185-1333), marquée par le premier gouvernement militaire (appelé bakufu), dirigé par le généralissime, ou chef des armées -  le shogun. Ce dernier prend également le contrôle de l’administration et de la vie politique du pays. S’éloignant de la cour impériale de Heian-Kyo où végète un empereur laissé sans pouvoir réel, le shogun Yoritomo fonde sa capitale administrative à Kamakura, dans le Kanto.

À l’époque Kamakura s’affirme l’organisation féodale du pouvoir et la figure du guerrier, ainsi que la culture du bushido. Au XIII^e siècle, le shogunat doit faire face à deux invasions mongoles en 1274 et en 1281 orchestrées depuis la Chine via la péninsule de Corée par Kubilaï Khan. Ce dernier est définitivement repoussé lors de la seconde tentative grâce au concours opportun d’un typhon, baptisé ultérieurement kamikaze (« vent divin »).

L’époque Kamakura se termine dans une profonde instabilité militaire et par une division de la famille impériale entre la cour du Sud et la cour du Nord restée à Heian-Kyo. Après une guerre sanglante, un second bakufu est institué et dirigé par la famille Ashikaga : ce changement[...]

L’époque Edo et la dynastie des Tokugawa

L’époque Edo (1603-1868) correspond à la domination de la dynastie shogunale des Tokugawa sur l’archipel, face aux seigneurs de guerre, les daimyo, entourés de leurs guerriers, les samouraïs, et à la cour impériale restée à Heian-Kyo. Arrivé au pouvoir, Tokugawa Ieyasu fonde une nouvelle capitale administrative à Edo (actuellement Tokyo), afin de s’éloigner du centre historique du pouvoir japonais établi dans le Kansai.

L’époque Edo est caractérisée par une longue période de stabilité politique et militaire, dite « Pax Tokugawa ». D’abord en contact avec les puissances étrangères, le pouvoir shogunal décide en 1613 l’expulsion des chrétiens, puis interdit en 1635 tout départ du Japon à la population et ferme le pays à tous les étrangers, à l’exception des Hollandais qui gardent un accès à Dejima, dans[...]

La restauration Meiji et le basculement dans l’ère de la modernité

L’époque Meiji (1868-1912) met fin à la féodalité japonaise. Elle se caractérise par la restauration du pouvoir de l’empereur (appelé Mutsuhito ou encore empereur Meiji) qui fait entrer le Japon dans la modernité.

À la suite de l’ouverture forcée que le pays subit de la part des puissances occidentales, l’époque Meiji (signifiant « politique éclairée ») commence dans l’instabilité, avec la chute du shogunat et la résistance farouche de ses partisans qui donne lieu à la guerre de Boshin (1868-1869), remportée par les forces impériales. L’empereur, qui retrouve sa place centrale sur l’échiquier politique et dans la société japonaise, décide de déplacer la cour de Heian-kyo, renommée alors Kyoto, à l’ancien siège du pouvoir shogunal des Tokugawa : Edo, rebaptisée Tokyo - littéralement « capitale de l’Est ».

Le Japon connaît alors une industrialisation et un développement rapides, intégrant des pans entiers de la culture, des sciences, des technologies et des systèmes juridiques des pays européens[...]

L’expansionnisme nippon

La mort de l’empereur Meiji ouvre l’époque Taisho (1912-1926). Le Japon poursuit son développement et sa politique expansionniste en Asie orientale. Le pays déclare la guerre à l’Allemagne en 1914 pour prendre le contrôle des territoires chinois sous l’influence de celle-ci dans la région du Shandong.

En raison de la personnalité discrète de l’empereur, le pouvoir glisse vers la Diète (le Parlement réunissant les deux Assemblées) dans les années 1920. La montée en puissance des chefs militaires et de l’armée au tournant des années 1930 conduit toutefois à faire émerger un régime militariste qui caractérise les débuts de l’époque Showa (1926-1989) jusqu’à la défaite de la Seconde Guerre mondiale en 1945.

L’époque Showa correspond au règne de l’empereur Hiro-Hito. Bien que signifiant « Paix éclairée », cette période est marquée par de nombreuses guerres et tensions géopolitiques, dont l’invasion et l’occupation de la Mandchourie chinoise par les troupes japonaises à partir de 1931. Les années 1930 et 1940 en particulier sont celles de la montée irrésistible[...]

Le Japon dans la guerre froide

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le Japon est occupé par les États-Unis jusqu’en 1952. Dans un premier temps, les Américains cherchent à empêcher la renaissance de la puissance économique et militaire du pays, tout en jugeant les criminels de guerre lors des procès de Tokyo, en particulier pour les exactions commises dans les territoires occupés en Chine (dont les violences de masse en Manchourie et le massacre de Nankin, en 1937, où les armées japonaises ont assassiné des centaines de milliers de civils) et en Corée. Une nouvelle Constitution, pacifiste, est votée en 1946 et fait du pays une démocratie parlementaire. L’empereur perd ses pouvoirs politiques et son statut divin. Sa responsabilité lors de la guerre est toutefois éludée, et Hirohito est maintenu sur le trône.

La montée du communisme et les débuts de la guerre froide en Asie orientale, avec la guerre de Corée de 1950 à 1953, poussent[...]

Un régime politique original

Le Japon est une jeune démocratie. Sa Constitution, entrée en vigueur en 1947 et rédigée en grande partie par les occupants américains, est l’une des plus courtes au monde, ce qui laisse à l’usage et à l’interprétation beaucoup plus de place que dans les Constitutions européennes. Le régime japonais est inspiré du régime parlementaire britannique : il s’agit donc d’une monarchie constitutionnelle avec un empereur, laissé toutefois sans pouvoir politique réel, et deux chambres formant la Diète, qui détient le pouvoir législatif. C’est cette dernière qui élit le Premier ministre, chef du Cabinet (le gouvernement japonais, composé des différents ministres), détenteur du pouvoir exécutif. La Chambre des conseillers, ou Chambre haute, est constituée de 242 membres élus pour six ans au suffrage universel direct, et la Chambre des représentants, dite Chambre basse, est composée de[...]

L’ouverture du pays et les tensions régionales

Dans les années 2000 et 2010, le Japon a restructuré son économie nationale. Un vaste programme de réformes, dites « abenomics » (mot formé à partir du nom du Premier ministre Shinzo Abe, inspirateur du programme, et du mot anglais economics), a été mis en place en 2013 afin de sortir le pays de la déflation, de renforcer sa compétitivité et d’ouvrir l’archipel à l’étranger. Cette politique correspond au retour au pouvoir des conservateurs du Parti libéral-démocrate, qui domine la vie politique japonaise depuis sa création en 1955, après une courte période d’alternance historique avec le Parti progressiste japonais (ou Parti démocrate du Japon).

Afin de faire face à ses enjeux démographiques, économiques et sociaux, le Japon mise sur son ouverture à l’étranger. Le secteur du tourisme international[...]