L’ atonalité se définit d’abord par ce qu’elle n’est pas : la tonalité. Cette dernière a donné son unité et son identité à la musique classique du 17e au 20e siècle. L’invention de l’atonalité est un phénomène autant culturel que musical. C’est une rupture profonde avec les règles, les fonctions et les lois du langage musical pratiqué, de façon très diverse, par les compositeurs, de Jean-Baptiste Lully à Maurice Ravel.
L’atonalité abolit la hiérarchie des degrés musicaux (numéros d’apparition des notes dans une gamme). La tonique, qui donne son nom à la gamme dont elle est la première note, et la dominante (cinquième note), pivot harmonique de cette même gamme, perdent ainsi leur statut de degré fort, partagé avec la sous-dominante (quatrième note). L’atonalité supprime également les échelles de 5 tons et de 2 demi-tons qui réglaient toutes les gammes tonales, majeures et mineures. Désormais, ces gammes sont remplacées par l’ échelle dodécaphonique (12 demi-tons), ce qui a pour premier effet de faire disparaître la notion capitale de dissonance (tension créée par un intervalle peu harmonieux entre 2 notes).
Pressentie dès Jean-Sébastien Bach, presque accomplie dans de nombreuses pages de Richard Wagner, l’atonalité est théorisée par Josef Matthias Hauer, puis par Arnold Schönberg. Ce dernier écrit la valse des Cinq Pièces pour piano (1920-1923) selon le procédé du dodécaphonisme sériel, qui prône l’égalité absolue de chacun des 12 demi-tons. Il n’y a donc plus de degrés forts, plus de mouvements obligés, plus d’enchaînements privilégiés. Le plus grand chef-d’œuvre de la musique atonale est peut-être le Concerto pour violon « À la mémoire d’un ange » (1935) d’Alban Berg. Le principe de l’atonalité a été également mis en œuvre par des musiciens tels qu’Anton von Webern et, plus tard, Pierre Boulez.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter