L’Algérie (al-Jaza’ir en arabe), officiellement la République algérienne démocratique et populaire, est le plus grand État du continent africain. Bordée par la mer Méditerranée au nord et couverte par le désert du Sahara sur la majeure partie de son territoire au sud, elle est au cœur du Maghreb et partage des frontières terrestres avec la Tunisie,[...]
Géographie de l’Algérie
Le cadre physique
L’immense territoire de l’Algérie se divise en trois ensembles géographiques qui se succèdent du nord au sud. Au nord, le Tell, une bande côtière de 100 à 200 kilomètres de large, se compose de plaines étroites et fertiles, dominées par les montagnes de l’Atlas tellien. Au sud de celles-ci s’étendent les Hauts Plateaux, vastes plaines steppiques bordées par les montagnes de l’Atlas saharien au sud. Au-delà débute le désert du Sahara, qui couvre 85 % du territoire algérien et qui alterne entre de vastes étendues de cailloux (regs), de dunes (ergs), des massifs de haute montagne comme[...]
Le climat et la végétation
Le Tell bénéficie d’un climat méditerranéen assez humide, avec des précipitations plus importantes à l’est qu’à l’ouest. Les étés sont chauds et secs et les hivers doux et pluvieux. Ces conditions climatiques ont permis le développement de l’agriculture dans les plaines du littoral, mais également de vastes forêts d’essences variées (chênes-lièges, chênes verts, pins d’Alep, cèdres).
Dans les Hauts Plateaux, le climat devient semi-aride. Les précipitations sont rares, voire quasi inexistantes pendant une grande partie de l’année. Les[...]
La population
Le désert n’est pas propice à l’installation de populations humaines. Ainsi, les habitants se concentrent sur 10 % du territoire, principalement dans le Tell. Les trois quarts des Algériens vivent en ville, et en particulier dans l’aire urbaine d’Alger, très densément peuplée. L’Algérie a connu une forte croissance démographique jusqu’aux années 1980 ; cette croissance se poursuit encore aujourd’hui mais à un rythme moins soutenu. Sa population est donc particulièrement jeune, avec un âge moyen et un âge médian inférieurs à trente ans.
La plus grande partie des Algériens sont arabophones : ils parlent la derja (arabe maghrébin),[...]
Activité économique de l’Algérie
Les hydrocarbures, moteur de l’économie algérienne
L’Algérie possède dans son sous-sol d’immenses réserves d’hydrocarbures ; elle fait partie des quinze pays disposant des plus grands gisements de pétrole et de gaz naturel au monde. Elle serait, selon des estimations, le troisième pays le mieux doté en gaz de schiste (20 000 milliards de m3), un gaz naturel contenu dans des roches dont l’extraction est particulièrement coûteuse, tant financièrement que sur le plan environnemental. Ces réserves sont toutes situées dans le Sahara.
Ces ressources permettent à l’État algérien non seulement d’être indépendant sur le[...]
Une économie peu diversifiée
La dépendance de l’Algérie vis-à-vis des hydrocarbures, dont les prix sont soumis à l’évolution des cours mondiaux, fragilise son économie. Cette activité, qui nécessite peu de main-d’œuvre, ne permet donc pas de lutter contre le chômage, très important, en particulier chez les jeunes. Enfin, l’État a tardé à investir dans le développement d’un secteur privé qui aurait permis de diversifier l’économie du pays. Par ailleurs, les nombreuses ressources minières contenues dans le sous-sol sont peu exploitées.
En revanche, l’agriculture algérienne est assez dynamique. Les agriculteurs produisent des céréales (blé, orge), des légumes, des fruits, du vin et l’élevage est important (moutons et chèvres surtout). Mais les industries agroalimentaires ne sont pas compétitives sur les marchés internationaux et[...]
Histoire de l’Algérie
Antiquité : royaumes berbères et province romaine
Le territoire de l’actuelle Algérie est occupé depuis la préhistoire par des peuples berbères qui, entre le IXeet le Ve millénaire avant J.-C., se sédentarisent et développent l’agriculture. À partir du VIIIe siècle avant J.-C., les Phéniciens, venus du Proche-Orient, établissent des comptoirs dans toute l’Afrique du Nord, dont le plus prospère est celui de Carthage, sur le territoire de l’actuelle Tunisie. Cette cité s’oppose, à partir du IIIe siècle avant J.-C., à sa rivale en Méditerranée occidentale : Rome. Après les guerres puniques, qui s’achèvent en 146 avant J.-C., Rome fonde la province d’Africa sur les ruines de Carthage. Dès lors, le royaume berbère de Numidie, autour de la ville de Cirta (actuelle Constantine), passe progressivement sous la domination de Rome. Jules César annexe en 46 avant J.-C. la Numidie, qui devient la province d’Africa Nova.[...]
Des conquêtes arabes à la conquête ottomane
Dans la seconde moitié du VIIe siècle, les armées musulmanes venues d’Arabie conquièrent l’Afrique du Nord. En 670, le général Oqba ibn Nafi fonde la ville de Kairouan (Tunisie actuelle), qui devient le centre de la province arabe de l’Ifriqiya (le nom arabe de l’Africa). En 710, l’ensemble du Maghreb est passé sous l’autorité du califat omeyyade de Damas. Rapidement, les populations de l’Afrique du Nord se convertissent à l’islam et pratiquent la langue arabe, sans pour autant renoncer aux langues berbères.
L’Ifriqiya reste soumise un temps au pouvoir central du calife, omeyyade d’abord, puis abbasside à partir de 750, mais elle est conquise en 909 par les Fatimides, une dynastie chiite qui fonde un califat concurrent. En 969, les Fatimides s’installent au Caire et confient la gestion de l’Ifriqiya à la famille[...]
L’Algérie ottomane
Dans les années 1520, Barberousse, corsaire au service de l’Empire ottoman, fonde autour d’Alger un nouvel État placé sous la souveraineté du sultan, mais disposant d’une large autonomie : la Régence d’Alger. Son autorité s’exerce sur un vaste territoire divisé en trois provinces, appelées beyliks. Les beys de Constantine, du Titteri et de Mazouna (plus tard de Mascara puis d’Oran) gouvernent au nom du dey d’Alger, représentant du sultan. Dans la seconde moitié du XVIe siècle, des frontières sont établies avec la Régence de Tunis à l’est, également placée sous l’autorité d’Istanbul, et avec le royaume du Maroc à l’ouest, qui demeure indépendant.
Les Turcs transforment Alger en une capitale politique et un centre économique d’importance, concentrant une population de plusieurs dizaines de milliers d’habitants. La Régence tire une grande partie de sa puissance de la course en Méditerranée[...]
L’Algérie sous domination française
La conquête de l’Algérie est longue et difficile pour la France. Elle oppose, à partir de 1840, l’émir Abd el-Kader, à la tête des résistances algériennes, au général Thomas Bugeaud, artisan d’une guerre particulièrement brutale. Après la reddition d’Abd el-Kader en 1847, la France proclame l’année suivante l’établissement de trois départements français en Algérie : Oran à l’ouest, Alger au centre, Constantine à l’est. Mais la conquête se poursuit en Kabylie jusqu’en 1857 et dans le Sahara jusqu’au début du XXe siècle. Des insurrections sporadiques contre la France continuent de se déclencher, notamment en 1871.
L’Algérie est d’abord administrée par les militaires « des bureaux arabes », qui tentent de composer avec les populations algériennes. Mais, en 1870, les civils prennent le pouvoir à Alger et intensifient la colonisation. Des millions d’hectares de terres algériennes sont saisis par l’État colonial et redistribués aux colons, en particulier les surfaces les plus productives du Tell. Les nombreux Européens (Italiens, Espagnols, Maltais) qui se sont installés en Algérie, ainsi que les 37 000 juifs algériens, sont naturalisés dans les années 1870-1880 et viennent grossir le groupe des citoyens français. Face à eux, 3 millions d’Algériens sont relégués au statut juridique de l’indigénat, créé par les autorités françaises en 1865. Sujets français privés de la plupart des droits civiques, les « indigènes » sont soumis à des législations répressives particulières.
Pendant la Première Guerre mondiale, 173 000 Algériens combattent sous le drapeau français et 119 000 autres sont envoyés dans les usines de métropole. Contrairement[...]
La guerre d’indépendance algérienne
Après le soulèvement du Nord-Constantinois le 20 août 1955, les combats s’intensifient dans les maquis des Aurès et de la Kabylie. En mars 1956, l’armée française est dotée des « pouvoirs spéciaux » ; le nombre de soldats français en Algérie passe de 190 000 à 400 000. Le FLN définit ses orientations politiques le 20 août 1956 au congrès de la Soummam et lance ses premiers attentats à Alger. En 1957, lors de la « bataille d’Alger », le général Jacques Massu mobilise 8 000 parachutistes, investis des pouvoirs de police dans la capitale et autorisés à recourir à la torture, massivement pratiquée, pour démanteler le FLN.
Mais, si l’armée française prend le dessus sur le terrain, la guerre suscite toujours plus de réprobations, en particulier de la part de la communauté internationale, alertée par le FLN qui déploie une intense[...]
De l’indépendance à la « décennie noire »
Après l’indépendance, des affrontements meurtriers déchirent le FLN. Ahmed Ben Bella réussit à s’imposer et est élu président de la République algérienne le 15 septembre 1963. Il donne à l’État algérien des orientations qui sont appelées à durer : régime autoritaire de parti unique, rôle central dévolu à l’armée, socialisme économique, politique étrangère tiers-mondiste. Ben Bella est renversé par un coup d’État fomenté par son ministre de la Défense, Houari Boumediene, le 19 juin 1965.
Président de 1965 à 1978, Boumediene renforce le caractère autoritaire du régime. En 1971, il nationalise les hydrocarbures découverts dans le Sahara par la France en 1956, puis il essaie d’enclencher une « révolution agraire » organisée autour de coopératives publiques. En parallèle, il développe et arabise l’enseignement public et tente d’encadrer l’islam, déclaré religion de l’État en 1976, sans parvenir pour autant à empêcher l’émergence de mouvements islamistes dans les années 1970. Sur la scène internationale, Boumediene s’impose comme un leader majeur du tiers monde, avec l’aide de son ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Bouteflika.
Après la mort de Boumediene le 27 décembre 1978, le colonel Chadli Bendjedid est élu président de la République le 7 février 1979. Il libéralise l’économie algérienne, progressivement ouverte au secteur privé. Mais les contestations se multiplient. En avril 1980, Bendjedid réprime durement le « printemps berbère », qui revendique une reconnaissance de la langue[...]
Vie politique et institutionnelle de l’Algérie
Un régime à bout de souffle
Entre 1999 et 2019, le régime algérien se trouve plongé dans une crise profonde au fil des quatre mandats d’Abdelaziz Bouteflika. Frappé par des accidents vasculaires cérébraux en 2013, le président n’est manifestement plus capable de diriger le pays. L’Algérie s’enlise dans une crise économique et sociale qui touche toujours plus durement les populations, et en particulier la jeunesse. En février 2019, quand la candidature de Bouteflika à un cinquième mandat est annoncée, le peuple algérien descend massivement dans les rues pour s’y opposer,[...]
Une dérive autoritaire du pouvoir
Depuis la fin du Hirak, de nombreux observateurs s’inquiètent des dérives autoritaires du président Tebboune et en particulier de la répression contre les militants politiques et les journalistes d’opposition.
Les institutions du régime algérien présentent cependant une forme démocratique. L’Algérie est une république semi-présidentielle dans laquelle le président de la République,[...]
L’Algérie dans le monde
L’Algérie est membre de différentes organisations internationales, dont l’Organisation des Nations unies (ONU) mais aussi l’Union africaine, la Ligue arabe ou encore l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Jouant de sa position géographique stratégique entre l’Europe et l’Afrique subsaharienne, elle se place comme un acteur-clé de la lutte internationale contre le terrorisme et des politiques de contrôle des migrations subsahariennes.
L’Algérie entretient des relations diplomatiques tendues avec son voisin marocain. La frontière terrestre entre les deux pays est[...]
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