La guerre d’Algérie est un conflit armé qui oppose, de 1954 à 1962, la France aux[...]
Les origines du conflit
La conquête de l’Algérie par la France débute en 1830. Après une longue campagne militaire qui se heurte notamment à la résistance de l’émir Abd el-Kader, la France annexe l’Algérie en 1847-1848. Le territoire est alors divisé en trois départements : Alger, Oran et Constantine.
Une colonisation de peuplement est mise en place : des Français, que l’on nomme pieds-noirs, s’installent en Algérie, transforment et s’approprient le territoire. Les Algériens, dits « indigènes », ne jouissent pas d’une citoyenneté pleine et entière. Ils doivent suivre les règles d’un « code de l’indigénat » promulgué en 1881. Leurs emplois sont peu rémunérés, leurs exploitations agricoles sont très modestes, et leurs terres sont confisquées par les colons. Ils vivent dans des quartiers réservés, parfois des bidonvilles.
Pendant la Première Guerre mondiale, des dizaines de milliers d’indigènes sont envoyés en France pour combattre. Ces tirailleurs (soldats d’infanterie) algériens y meurent en masse. En 1942, pendant la Seconde Guerre mondiale, les Alliés débarquent en Afrique du Nord pour ouvrir un nouveau front et déloger les Allemands et les Italiens. Ces engagements lors des deux conflits mondiaux permettent aux Algériens de mesurer la différence de traitement entre eux et les citoyens français, ainsi que la vulnérabilité de la métropole. Dans l’entre-deux-guerres, plusieurs mouvements politiques et religieux plaident pour un réveil du nationalisme algérien. Des militants, comme le notable Ferhat Abbas ou le communiste Messali Hadj, réclament déjà l’indépendance.[...]
Le début de la guerre d’indépendance
En 1954, le MTLD est en proie à des dissensions internes. Un groupe de militants décide de créer un comité révolutionnaire. Ils se regroupent au sein d’une nouvelle organisation, le Front de libération nationale (FLN), qui opte pour la lutte armée en mettant sur pied l’Armée de libération nationale (ALN).
La guerre éclate officiellement le 1er novembre 1954. Ce jour reste dans les mémoires comme la « Toussaint rouge ». Durant la nuit, soixante-dix attentats sont perpétrés en Algérie, la plupart en Kabylie et dans les Aurès. Les intérêts français sont visés, comme des bâtiments militaires ou des entreprises appartenant à des pieds-noirs.[...]
La radicalisation du conflit
Le conflit tourne à la guérilla à partir de 1955. Les combattants du FLN commettent des attentats à la bombe et des raids contre des postes militaires, des convois de véhicules, des propriétés de colons, n’hésitant pas à tuer les Algériens soupçonnés de soutenir les Français. Les soldats français mènent des opérations de ratissage, d’arrestations et d’exécutions dans les villages et emploient parfois la torture pour terroriser les populations ou obtenir des informations.
En métropole, l’Assemblée nationale, convaincue que l’Algérie doit rester française, vote le 12 mars 1956, « les pouvoirs spéciaux » pour l’Algérie. Elle envoie des militaires et des réservistes, soit 400 000 soldats. Le service militaire passe de 18 à 28 mois et est effectué en Algérie par ceux qu’on nomme les « appelés du contingent ». Au total, de 1954 à 1962, deux millions de jeunes soldats français partent en Algérie. Les harkis, des Algériens partisans de la présence française, combattent à leurs côtés. L’armée française organise le territoire en trois types de zones : des zones d’opération pour anéantir les rebelles ; des zones de pacification pour protéger la population contre le FLN ; des zones interdites qui sont évacuées, afin d’empêcher[...]
La recherche d’un compromis
Face à l’enlisement du conflit, le gouvernement français et l’opinion publique souhaitent trouver une solution. Le général de Gaulle, toujours auréolé par le rôle qu’il a joué durant la Seconde Guerre mondiale, est rappelé au pouvoir pour régler la question algérienne. Le 1er juin 1958, il est investi président du Conseil par l’Assemblée nationale avec les pouvoirs spéciaux. Le 4 juin, il prononce un discours à Alger et lance à la foule une formule destinée à ramener le calme « Je vous ai compris ». Sa prise de parole, affirmant que tous les habitants de l’Algérie ont les mêmes droits et devoirs, fait naître espoir et désillusion, car il nourrit à la fois les attentes, très diverses, des Français de métropole, des pieds-noirs, des Algériens.
Les indépendantistes rejettent la main tendue par de Gaulle, ils ne souhaitent aucun compromis. Ils forment au Caire le 19 septembre 1958 un Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), dont Ferhat Abbas prend la direction. Le 23 octobre, quelques semaines après l’instauration de la Ve République, de Gaulle propose aux Algériens la « paix des braves ». Il lance aussi le « plan de Constantine », un programme de développement économique : construction de logements, redistribution de terres agricoles, création d’emplois industriels, scolarisation étendue, mise en valeur des ressources en hydrocarbures. Puis, le 16 septembre 1959, le président français offre aux Algériens la possibilité de s’autodéterminer, c’est-à-dire de choisir la façon dont ils souhaitent être gouvernés.
Malgré tout, la situation se crispe en Algérie. Certains Français sont attachés à l’Algérie depuis plusieurs[...]
Les accords d’Évian et l’indépendance algérienne
Après de longues négociations, les accords d’Évian sont signés le 18 mars 1962 entre le GPRA et le gouvernement français. L’Algérie prend la voie de l’indépendance. La France s’engage à achever le « plan de Constantine », tout en ayant des visées stratégiques. Elle conserve la possibilité d’exploiter les hydrocarbures, dont les gisements ont été découverts en 1956, et de pratiquer des essais nucléaires depuis la base de Reggane ouverte en 1957 dans le Sahara. Lors du référendum d’autodétermination organisé le 1er juillet 1962, le « oui » l’emporte. La France reconnaît officiellement l’indépendance de la colonie deux jours plus tard, ce qui donne lieu à des manifestations de joie en Algérie.
Pourtant, malgré l’accord négocié, l’indépendance se déroule dans le chaos. Les indépendantistes et les partisans de l’Algérie française restent sur leurs positions respectives : une Algérie sans aucune présence française ou au contraire un territoire toujours colonisé. Jusqu’à la fin de l’année 1962, des disparitions et des massacres de pieds-noirs ont lieu en Algérie. Apeurés, un demi-million d’entre eux quittent le pays pour la France entre avril et août 1962. Accusés d’avoir trahi la nation algérienne, des harkis sont tués, tandis que d’autres se réfugient en France, tout en faisant souvent[...]
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