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Le Misanthrope: un éloge du naturel

Ce document est lié à l'article «  NATUREL, littérature  ».

Le début du Misanthrope est marqué par un violent débat entre Alceste et Oronte. Comment exprimer ses sentiments ? Alors qu'Oronte recourt à des images et à de riches métaphores inspirées de la poésie précieuse, Alceste, lui, vante les qualités du naturel.

  Ce style figuré, dont on fait vanité,
Sort du bon caractère, et de la vérité ;
Ce n’est que jeu de mots, qu’affectation pure,
Et ce n’est point ainsi, que parle la nature.
Le méchant goût du siècle, en cela, me fait peur,
  Nos pères, tous grossiers, l’avaient beaucoup meilleur ;
Et je prise bien moins, tout ce que l’on admire,
Qu’une vieille chanson, que je m’en vais vous dire.
 
  Si le Roi m’avait donné
Paris sa grand’ville,
  Et qu’il me fallût quitter
L’amour de ma mie ;
Je dirais au roi Henri
"Reprenez votre Paris,
J’aime mieux ma mie, au gué,
  J’aime mieux ma mie.

La rime n’est pas riche, et le style en est vieux :
Mais ne voyez-vous pas, que cela vaut bien mieux
Que ces colifichets, dont le bon sens murmure,
Et que la passion parle là, toute pure ?

  Si le Roi m’avait donné
  Paris sa grand’ville,
  Et qu’il me fallût quitter
  L’amour de ma mie ;
  Je dirais au roi Henri,
  "Reprenez votre Paris,
  J’aime mieux ma mie, au gué,
  J’aime mieux ma mie."
 
  Voilà ce que peut dire un cœur vraiment épris.

(À Philinte  )
  Oui, Monsieur le rieur, malgré vos beaux esprits,
 

J’estime plus cela que la pompe fleurie
De tous ces faux brillants, où chacun se récrie.

 

                                                                           Molière, Le Misanthrope, I, 2

 

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Encyclopædia Universalis. Le Misanthrope: un éloge du naturel [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )