On parle de littérature « engagée » quand l’écrivain prend activement part à la vie sociale, politique ou religieuse de son temps en mettant son œuvre au service d’une cause. En ce sens, il s’agit donc d’une littérature de circonstance. L’écrivain n’est plus un simple observateur de son époque : il se sert de son art comme d’une arme pour dénoncer des injustices, faire triompher sa vision du monde. L’œuvre n’est plus seulement pensée en fonction de sa beauté ou de son sens, mais aussi en fonction de son efficacité dans le combat que mène l’auteur. De ce fait, la littérature engagée est marquée par certains registres d’écriture (satirique, ironique, polémique) qui renforcent l’efficacité du propos en impliquant le lecteur.
Même si certaines œuvres des siècles antérieurs en relèvent (notamment au XVIe et au XVIIIe siècle), la notion de littérature engagée est relativement récente. Elle n’apparaît véritablement qu’à partir du XIXe siècle, en même temps que les bouleversements historiques qui modifient la conception que l’écrivain se fait de lui-même et de son travail. En effet, à partir de la Restauration (1815), on constate que de nombreux auteurs, peut-être parce qu’ils sont aussi souvent journalistes, se conçoivent comme des témoins privilégiés de leur temps, voire comme des « mages » (ce sera le cas de Victor Hugo, plus tard de Léon Tolstoï). Ils se donnent pour rôle de montrer au peuple la voie à suivre pour atteindre le bonheur collectif. En s’impliquant dans les combats de leur époque, ils rompent avec l’idéal de l’écrivain solitaire et inspiré.
La littérature engagée concerne tous les genres. Le manifeste ou la lettre ouverte, par exemple, offrent un cadre propice à la dénonciation d’une injustice ou à l’expression d’une idée. Émile Zola dans« J’accuse », une lettre ouverte publiée[...]
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