Le fantastique est une tonalité, un mode d’expression ou un genre qui se caractérise par l’évocation de phénomènes étranges, inquiétants, inexpliqués. Le mot vient du grec phantasia, qui signifie « fantaisie », au sens « d’image qui s’offre à l’esprit ».
Comme le merveilleux, le fantastique repose essentiellement sur l’ imagination, avec une différence : le souci de justifier, au moins théoriquement, le surnaturel ou le mystère. Il exclut donc le recours à la magie, au féerique : ces domaines restent le plus souvent réservés au conte, qui invente un univers souriant et édifiant. À l’inverse, le fantastique veut plutôt susciter le frisson, l’inquiétude, l’angoisse. Pour y parvenir, il crée un climat de trouble et d’ambiguïté. Il développe certains thèmes ou motifs comme le diable, les spectres et les fantômes, les vampires, les monstres, les animaux fabuleux. Il privilégie certains lieux (maisons hantées, châteaux étranges, pays mystérieux) et diverses situations (métamorphoses, disparitions, ruptures du temps, hypnose, folie, visions…).
Le fantastique en littérature commence à apparaître au XVIIIe siècle. Il est encore mêlé de féerie ou de satire, par exemple chez Jacques Cazotte dans Le Diable amoureux. À moins qu’il n’incline vers une tendance « noire » ou « gothique » avec les romans anglais de Horace Walpole, Ann Radcliffe, Charles Robert Maturin ou Matthew Gregory Lewis.
Mais son avènement véritable est dû, un peu plus tard, à E.T.A. Hoffmann, dont les Contes (1814) exploitent les ressources du délire, de l’hallucination, de la terreur. Il est suivi en 1818 par Mary Shelley (Frankenstein). Les écrivains romantiques français sont à leur tour tentés par le genre : Charles Nodier (Tribly, Smarra), Honoré de Balzac (L’Élixir de longue vie, La Peau de chagrin), Théophile Gautier (La Cafetière, La Morte amoureuse), Prosper Mérimée (La Vénus d’Ille, Lokis), Gérard de Nerval (Aurélia).
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, le fantastique s’affirme avec l’écrivain américain Edgar Allan Poe, dont les Histoires extraordinaires sont traduites[...]
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