MARIVAUX (1688-1763)

Marivaux fut un écrivain français prolifique du XVIII^e siècle. Il s’illustra en particulier au théâtre, et plus spécialement dans la comédie dont il renouvela les thèmes et le langage.

Le sujet de prédilection des pièces de Marivaux est la naissance de l’amour et les obstacles auxquels il se heurte : ruses de l’amour-propre, confrontation[...]

Une vie pour le théâtre

Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux naît à Paris le 4 février 1688 dans une famille de la bourgeoisie financière. Il passe son enfance en province, puis débute des études de droit dans la capitale. Il fréquente le salon de Madame de Lambert et écrit de petits ouvrages parodiques. Après son mariage et sa ruine provoquée par une crise financière, il s’essaie au théâtre. En 1720, il fait représenter Arlequin poli par l’amour, joué par la Comédie-Italienne (une troupe de théâtre), et une tragédie, Annibal, montée par la troupe de la Comédie-Française. Marivaux se lance aussi dans le journalisme et crée un premier journal (Le Spectateur français, 1721-1724) tout en poursuivant sa carrière de dramaturge avec La Surprise de l’amour (1722), puis La Double inconstance (1723). Au cours des années suivantes, il écrit de nouvelles comédies confiées[...]

L’épreuve de l’amour

Ce sont d’abord les pièces de théâtre de Marivaux, et surtout les comédies, qu’on a retenues, même si son œuvre est riche et variée et s’étend jusqu’au journalisme et au roman. On peut répartir ses pièces de la manière suivante :

- les comédies du sentiment amoureux pour La Surprise de l’amour, La Double inconstance, Le Jeu de l’amour et du hasard… ;

- les comédies de caractères ou de mœurs pour La Fausse suivante, La Mère confidente, L’Épreuve… ;

- les « utopies » ou comédies sociales pour L’Île des esclaves, L’Île de la raison, La Nouvelle colonie ;

- les comédies fantaisistes ou féeriques pour Arlequin poli par l’amour, Le Prince travesti, Le Triomphe de Plutus, Le Triomphe de l’amour.

Quel que soit son sujet, l’univers théâtral deMarivaux est celui de l’illusion, comme le montrent le recours au déguisement et au masque ainsi que la part importante accordée au « théâtre dans le théâtre » où l’on voit les comédiens échanger leurs rôles, comme dans Le Jeu de l’amour etdu hasard. Marivaux met en scène le duo maître-valet hérité de la commedia dell’arte comme on le voit avec Iphicrate et Arlequin, d’une part, Euphrosine et Cléanthis, d’autre part, dans L’Île des esclaves. Il explore à travers lui le jeu des conventions et des hiérarchies sociales. C’est une façon de montrer que chacun est prisonnier de sa classe et tente en vain d’y échapper par le travestissement ou la tromperie. Un grand nombre de ses œuvres illustrent ce thème du déterminisme social : même en changeant de costume, on ne change pas de condition (La Vie de Marianne[...]