Le génocide des Tziganes (ou Tsiganes), ou Roms, comme ils se nomment eux-mêmes, se déroule pendant la Seconde Guerre mondiale. L’extermination systématique de cette minorité cause la mort de près de 200 000 personnes.
Les Tziganes sont un peuple d’origine indienne, présent en Europe depuis le Moyen Âge. Le plus souvent nomades et sans véritable attache spatiale, ils sont rapidement considérés comme différents, et donc inquiétants, à une époque où les États s’affirment en organisant et contrôlant leur territoire. Ils suscitent alors méfiance, peur et rejet, sentiments qui perdurent au fil des siècles.
Déjà surveillés dans l’Allemagne du XIXe siècle, les Tziganes (Zigeuner en allemand) sont spécialement contrôlés par les nazis, qui les accusent d’être des asociaux et des criminels, appartenant à une race inférieure, bien éloignée du modèle aryen, qui devrait selon eux rester pur. Dès leur arrivée au pouvoir en 1933, les nazis mettent en œuvre une politique eugéniste de stérilisation forcée. À partir de 1935, les Tziganes, comme les Juifs, sont exclus de la citoyenneté allemande et leur mariage avec des Allemands est interdit. Les opérations de contrôle et de persécutions s’intensifient. Ils sont internés dans des camps de concentration spécifiques, les Zigeunerlager, comme à Cologne, Berlin-Marzahn ou Hambourg.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, les nazis profitent de leur situation dominante pour accélérer la répression. Plusieurs milliers de Tziganes du Reich ou des territoires occupés sont déportés vers des camps de travail en Allemagne ou des ghettos du gouvernement général de Pologne (la partie du pays occupée, mais non annexée par le Reich), ou encore enfermés dans des camps situés sur les territoires annexés. Le travail forcé, le manque d’installations sanitaires et de nourriture sont le quotidien des prisonniers. Les conditions de vie y sont effroyables et provoquent leur mort en masse. En 1941, certaines unités des groupes mobiles d’extermination, les Einsatzgruppen, qui suivent l’avancée de l’armée allemande vers l’Est, ciblent les Tziganes, faisant des dizaines de milliers de victimes, des pays Baltes à la Crimée. Les gouvernements de la Croatie, de la Slovaquie, de la Hongrie et de la Roumanie, soutenus par les autorités nazies occupantes, déclenchent des persécutions autonomes. Ainsi, entre 15 000 et 20 000 Tziganes meurent à Jasenovac, en Croatie, un complexe concentrationnaire géré par la police politique croate et une milice locale.
En décembre 1942, Heinrich[...]
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