Aimé Césaire fut un poète et homme politique français du XXe siècle, d’origine antillaise. Son nom reste[...]
La révolte par les mots
Aimé Césaire voit le jour le 26 juin 1913 à Basse-Pointe (Martinique) dans une famille de sept enfants. Il accomplit une brillante scolarité au lycée Schœlcher de Fort-de-France et reçoit une bourse qui lui permet, en 1931, d’intégrer les classes préparatoires littéraires du lycée Louis-Le-Grand, à Paris. Il sera d’ailleurs reçu au concours de l’École normale supérieure en 1935. Avant cela, il se lie d’amitié avec d’autres étudiants, comme le Sénégalais Léopold Sédar Senghor (futur président de la République du Sénégal) et le Guyanais Léon-Gontran Damas. Avec eux, il fonde en 1934 la revue L’Étudiant noir, « journal corporatif et de combat » qui souhaite célébrer les cultures non occidentales.
Aimé Césaireretourne en Martinique en 1939 et devient professeur de lettres dans son ancien lycée. Avant son départ de Paris, il a fait paraître en revue Cahier d’un retour au pays natal. Dans ce court recueil, il revendique son appartenance à une terre et à un groupe opprimé auquel il souhaite rendre sa dignité, à travers la notion de « négritude », qu’il a forgée. « La Négritude, explique-t-il, est la simple reconnaissance du fait d’être noir, et l’acceptation de ce fait, de notre destin de noir, de notre histoire et de notre culture. »
Cahier d’un retour au pays natal tient de l’essai, du récit, du manifeste, du poème en prose. À sa parution, le texte passe inaperçu en raison de l’imminence de la Seconde Guerre mondiale. Fortement modifié, il sera publié en volume après la guerre (1947) avec une préface signée du fondateur du surréalisme, André Breton, qui lui donne un réel retentissement. Le concept de « négritude » sera précisé par Césaire dans le pamphletDiscours sur le colonialisme (1950) : « Ma négritude n’est pas une taie d’eau morte sur l’œil mort de la terre/ ma négritude n’est ni une tour ni une cathédrale/ elle plonge dans la chair rouge du sol/ elle plonge dans la chair ardente du ciel… »
Parallèlement à son[...]
Une œuvre incantatoire
Il est difficile de séparer, chez Aimé Césaire, le poète et écrivain de l’homme politique tant les deux activités visent, avec des moyens différents, un même objectif : mener le combat pour sa terre et surtout pour son peuple, victime de la colonisation et, en ce qui concerne les générations précédentes, de l’esclavage.
Cahier d’un retour au pays natal est un long poème, le premier et le plus sonore des chants de colère. Il donne la parole, sous une forme incantatoire puissamment rythmée, à un esclave en route pour son sinistre destin : « J’entends de la cale monter les malédictions enchaînées, les hoquettements des mourants, le bruit d’un qu’on jette à la mer… » Ce ressentiment contre le racisme et le colonialisme ne quittera jamais Césaire qui l’utilise comme une force pour inventer une langue originale, dense, parfois hermétique ou brutale, nourrie de celle d’Arthur Rimbaud,[...]
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