On a pris l’habitude, depuis le début du 20e siècle, de donner le nom d’antihéros à des personnages littéraires apparemment médiocres, aux traits psychologiques difficiles à cerner. Dépourvus d’épaisseur, voire négatifs, ils sont à l’opposé de ceux qui accomplissaient, dans les œuvres du passé, des actions qualifiées d’« héroïques ».
Ces figures banales, dépourvues de noblesse ou de caractère, sont déjà présentes au 17e siècle, par exemple dans Don Quichotte de Cervantès, ou encore au 19e siècle, par exemple chez certains personnages de Flaubert (le Frédéric Moreau de L’Éducation sentimentale). Elles vont se multiplier au cours du 20e siècle, à la suite du désenchantement consécutif aux deux guerres mondiales, du recul de l’idéalisme et de la transformation profonde qui affecte la notion d’individu.
Des personnages comme le Salavin de Georges Duhamel (Vie et aventures de Salavin), le Bardamu de Louis-Ferdinand Céline (Voyage au bout de la nuit), le Roquentin de Jean-Paul Sartre (La Nausée) ou le Meursault d’Albert Camus (L’Étranger) illustrent, dans les années 1930-1940, ce comportement ordinaire et[...]
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