Antoine François Prévost, plus connu en littérature sous le nom de l’abbé Prévost, fut un écrivain français du [...]
Un aventurier des lettres
Antoine François Prévost naît le 1er avril 1697 à Hesdin, dans le nord de la France, au sein d’une famille bourgeoise - son père est magistrat. Après de courtes études chez les jésuites et alors qu’il est en conflit avec son père, il intègre l’armée. Il devient officier et participe à des campagnes militaires, revient un temps chez les jésuites avant de rejoindre à nouveau l’armée. Rendu à la vie civile, il entre ensuite chez les bénédictins, réside dans diverses abbayes, avant d’être ordonné prêtre en 1726. Il commence à écrire et publie, en 1728, le premier tome d’un roman monumental présenté comme des mémoires, Mémoires et aventures d’un homme de qualité.
Prévost quitte le couvent sans autorisation. Accusé d’être un déserteur, il se réfugie en Angleterre, où il se fait appeler Prévost d’Exiles. Il y mène une existence agitée qui inspirera en partie son œuvre. Il vit un temps en Hollande où paraîtra en 1731le septième et dernier tome des Mémoires d’un homme de qualité : L’Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut. Le roman fait d’abord scandale et est interdit de publication. Prévost se lie avec une aventurière qui le ruine. Il retourne en Angleterre et lance Le Pour et le Contre (1733-1740), un périodique sur les[...]
Une passion fatale
On peut dire de l’abbé Prévost, comme on le dirait de Casanova ou de Beaumarchais, qui appartiennent à la génération suivante, que sa vie fut un véritable roman. Ce qui ne l’empêcha pas d’être un écrivain particulièrement fécond. Il s’est illustré comme historien, chroniqueur et, surtout, romancier, notamment avec les Mémoires et aventures d’un homme de qualité. La postérité a retenu de cette œuvre le septième volume, Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut, qui narre la passion amoureuse entre les deux personnages éponymes, et est traditionnellement abrégé en Manon Lescaut.
Ce changement de titre est révélateur : il laisse de côté le personnage du chevalier Des Grieux, « un homme qui a de la naissance et de l’éducation », pour se recentrer sur Manon, une jeune fille de « naissance commune » aux mœurs libres, aussi fascinante que volage. Tout en affirmant son amour pour Des Grieux, Manon vend son corps pour satisfaire son besoin de richesse et de reconnaissance par la société. Son projet échouera et la société du temps, qui pourtant tolère et entretient la corruption et la dépravation, éliminera impitoyablement cette scandaleuse intrigante.
Comme souvent dans les romans du XVIIIe siècle, le message peut paraître ambigu. En effet, Prévost, dans l’« avis de l’auteur » précédant son texte, donne la parole au marquis de Renoncour, « l’homme de qualité » qui est le narrateur de l’histoire et qui reçoit la confession de Des Grieux. Renoncour semble privilégier la valeur morale du livre.[...]
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