Romain Gary fut un écrivain et un diplomate[...]
L’écrivain et ses doubles
Romain Gary, de son vrai nom Roman Kacew, est né le 8 mai 1914 à Wilno (ou Vilnius, ville de Lituanie alors située dans l’empire russe) au sein de la communauté juive. Il grandit avec le sentiment profond d’être à part et de posséder une identité complexe. Le couple parental se délite progressivement ; le jeune garçon est surtout proche de sa mère, Mina, qui le couvre d’une affection extrême. Elle sera d’ailleurs une figure déterminante dans sa vie, comme le montre la place centrale qu’elle occupe dans son récit autobiographique La Promesse de l’aube (1960), hommage vibrant à l’amour maternel. Sa mort, survenue en 1941, sera un véritable drame pour l’écrivain. Passionnée par la France, sa culture, son siècle des Lumières et ses auteurs, Mina met son fils sur la voie des œuvres de la littérature patrimoniale française et lui communique sa fascination pour le pays de Molière.
Élève doué, le futur Romain Gary est également capable de parler diverses langues (le russe, le polonais, le yiddish, le français ; plus tard, l’anglais). Lorsque sa mère, après son divorce, décide de partir s’installer à Nice en 1928, Roman y poursuit de fait son éducation française. Esprit curieux et ouvert, il ne cesse, sa vie durant, de se forger une culture multiple et riche qui transparaît dans sa production littéraire.
Engagé dans un début de carrière militaire supérieure dans l’aviation, Roman - devenu Romain depuis sa naturalisation en 1935 - n’admet pas la défaite de la France en 1940.[...]
Une œuvre impertinente
Romain Gary a écrit plus de trente romans, plusieurs nouvelles et un essai. Il a également réalisé et scénarisé deux films. Son œuvre échappe aux classifications et aux étiquettes. Ainsi, dans sa production littéraire, l’écrivain s’empare de nombreuses problématiques sociétales autant que sociales : la condition des Noirs aux États-Unis, la guerre, l’écologie, les marginaux… Il accorde aussi de l’importance à la fiction, à l’imagination et au rapport empathique que le lecteur peut nouer avec les personnages. Profondément attaché aux valeurs humanistes, il dénonce avec vigueur des réalités aussi diverses que le drame des éléphants en Afrique (Les Racines du ciel), le racisme (Chien blanc, 1970), les dérives du pouvoir (Les Enchanteurs, 1973), les effets du vieillissement et l’angoisse du déclin (Au-delà de cette limite votre ticket n’est plus valable, 1975 ; Clair de femme, 1977) ou encore la Shoah et les camps de concentration (Les Cerfs-Volants, 1980).
L’écriture de Romain Gary joue en même temps sur plusieurs tonalités : la tendresse y est souvent présente, contrebalancée par des effets de décalage, un humour plus ou moins corrosif, imprégné de culture juive, une distance ironique, voire un cynisme dévastateur. Vision désabusée du monde et espoir en l’existence se mêlent.[...]
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