Montaigne fut un écrivain français du XVIe siècle qui consacra une grande partie de sa vie à l’écriture d’un ouvrage original et d’une extrême richesse, les Essais. Dans ce livre, il propose à travers une peinture[...]
Un écrivain au temps des guerres de Religion
Michel Eyquem de Montaigne voit le jour le 28 février 1533 au château de Montaigne en Dordogne. Il est issu de la petite noblesse de Guyenne (ancien sud-ouest de la France). Son père, Pierre Eyquem de Montaigne, a participé aux guerres d’Italie au côté du roi François Ier et sera maire de Bordeaux de 1554 à 1556. Après des études au collège de Guyenne dans cette ville, Montaigne devient, en 1554, conseiller à la cour des aides de Périgueux où il se familiarise avec le monde de la justice. Trois ans plus tard, il devient conseiller au parlement de Bordeaux. C’est là qu’il se lie d’une profonde amitié avec un autre magistrat, également écrivain, Étienne de La Boétie, qui mourra prématurément en 1563.
Montaigne se marie avec Françoise de La Chassaigne en 1565 et perd son père en 1568. Il hérite du château familial, ce qui lui permet de quitter sa charge au parlement de Bordeaux. Dans son château de Montaigne, il aménage une tour (sa « librairie »,[...]
« Je suis moi-même la matière de mon livre »
Montaigne peut être considéré comme l’homme d’un seul livre : les Essais. Comme il le dit lui-même, cet ouvrage est « consubstantiel à son auteur », c’est-à-dire indissociable de lui. À travers lui, l’auteur se donne pour projet de découvrir progressivement la vérité de son moi. La recherche d’une forme de sagesse est ici première.
Les Essais se présentent sous la forme libre d’une conversation. Ils sont divisés en trois livres, eux-mêmes subdivisés en chapitres. Chaque chapitre porte un titre, parfois sans lien direct avec son contenu. Pour écrire cet ouvrage, Montaigne s’inspire de ses très nombreuses lectures, notamment des auteurs latins et grecs, mais aussi des récits de voyage. Il aborde de multiples sujets, parfois intimes (son physique, ses proches, ses conditions de vie), plus souvent généraux et philosophiques. Selon lui, ces deux thèmes, l’intime et l’universel, sont liés car « chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition ». À travers son autoportrait, c’est donc une image de l’ensemble de la condition humaine que l’auteur propose.
Montaigne délivre également une leçon de modestie et de bon sens. Elle consiste à se détourner de l’amour-propre et de l’orgueil, à s’en remettre aux lois et usages de son pays et enfin, à accepter l’imperfection de la justice des hommes, l’opinion des autres, le droit à la différence. Ainsi, en divers endroits du livre, et en particulier dans le chapitre intitulé « Des Cannibales » (I, 31), inspiré par sa rencontre à Rouen de trois indigènes du Brésil, Montaigne se fait le défenseur de ces hommes, considérés au XVIe siècle comme « sauvages » par les Européens. Reconnaissant leurs qualités d’humanité et de bon sens et refuse qu’on les traite de « barbares » dans la mesure où « chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage ».
La tolérance et la mesure de Montaigne se retrouvent dans sa réflexion[...]
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