Samuel Beckett fut un écrivain et auteur dramatique irlandais du XXe siècle. Son œuvre, écrite en français et en anglais, s’inscrit dans le courant du théâtre de l’absurde, qui met en scène la condition de l’homme confronté[...]
Entre l’anglais et le français
Issu d’une famille protestante irlandaise, Samuel Beckett naît le 13 avril 1906 dans la banlieue de Dublin. Après de brillantes études où il apprend l’italien et le français, il occupe un poste de lecteur d’anglais à l’École Normale supérieure de Paris. Durant ce séjour de deux ans en France, il rencontre des intellectuels et des écrivains, dont son compatriote James Joyce avec lequel il se lie d’amitié. Il retourne en Irlande, puis à Londres, publie en 1931 un essai sur Marcel Proust avant de revenir s’installer à Paris en 1937. Il vit de ses traductions et rédige en anglais un roman, Murphy (1938), qui ne sera traduit en français que dix ans plus tard. Pendant la Seconde Guerre mondiale, dans la France occupée, Beckett participe à la Résistance et se réfugie un temps dans le Vaucluse. Il continue[...]
En attendant Godot, une pièce qui fait scandale
Même s’il commence par écrire des œuvres proches du roman et continuera toute sa vie de publier des textes narratifs, Beckett a connu la célébrité grâce à son théâtre particulièrement novateur. Le bouillonnement culturel de l’après-guerre coïncide en effet avec l’émergence de nouvelles formes littéraires, comme celles que l’on a appelées « nouveau roman » et « nouveau théâtre ». Beckett participe à ces mouvements, notamment par ses œuvres théâtrales. À l’instar de d’autres dramaturges comme Arthur Adamov, Jean Genet et surtout Eugène Ionesco, il va révolutionner la scène théâtrale en rompant avec les codes traditionnels de la représentation : action dramatique soutenue, dénouement, psychologie bien définie des personnages.
Ce théâtre dit d’avant-garde, que l’on nommera bientôt théâtre de l’absurde, ne va pas rencontrer immédiatement la faveur du[...]
La parole empêchée, le corps en souffrance
Si ce théâtre est mieux compris et mieux accepté, c’est qu’il est en phase avec les bouleversements esthétiques et sociaux qui suivent la Seconde Guerre mondiale. La première caractéristique du nouveau théâtre est la mise en cause du langage. Sur scène, en effet, le dialogue est déstructuré, impossible, constitué de malentendus, de redites, d’interrogations et de négations, ou encore de monologues vides de sens. Un deuxième aspect récurrent est l’exhibition du corps en souffrance : les personnages, sans réelle identité, sont diminués par l’âge ou par des infirmités physiques. Dans Oh les beaux jours, Winnie est progressivement enterrée, d’abord à la taille puis jusqu’au cou, et son compagnon, Willie, est réduit à ramper. Hamm, dans Fin de partie, est aveugle, de même que M. Rooney dans Tous ceux qui tombent (1957), une des nombreuses pièces que Beckett a écrites pour la radio. Quant aux conditions du spectacle, elles sont minimalistes[...]
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