Les expressions « grandes invasions » ou « invasions barbares » désignent traditionnellement l’invasion du territoire de l’Empire romain par des peuples dits barbares (c’est-à-dire ni romains ni grecs), qui ont débuté vers 400 et se sont achevées trois siècles plus tard.
Les historiens ont longtemps considéré que ces mouvements de populations étaient le fait d’armées, venant de l’est et du nord, attaquant violemment l’Empire romain d’Occident. Après la disparition de celui-ci en 476, des royaumes « barbares », d’origine germanique pour la plupart, se sont établis sur son territoire. On attache à ces événements l’idée d’un grand flux, violent et rapide. Or cette définition a été remise en cause par la recherche historique qui considère maintenant le phénomène différemment.
Tout d’abord, les mouvements ne sont pas aussi brusques qu’on le pensait, mais plutôt anciens et lents. Ces déplacements de populations ont existé dès le Ier siècle, permettant ainsi de parler de migrations ou d’incursions précoces de ces peuples.
Une des causes de l’accélération des mouvements des peuples germaniques et slaves vers le territoire de l’Empire romain pourrait être la série de dégradations climatiques qui a commencé au IVe siècle (et s’est achevée au Xe siècle). Les Huns, venus d’une région d’Asie touchée par une sévère sécheresse, se dirigent vers l’Europe, en 375, moins affectée dans son climat et sa productivité agricole. Des peuples comme les Wisigoths, les Ostrogoths sont alors contraints de se déplacer vers l’ouest. Ce sont ensuite les Vandales, les Suèves et les Alains qui franchissent le Rhin (en 406), suivis des Burgondes, des Alamans et des Francs.
L’arrivée de populations nouvelles peut entraîner le départ des populations romanisées ou leur assimilation. Inversement, celles-ci peuvent romaniser et christianiser les populations dites barbares, comme dans le cas des Francs devenus chrétiens, dont le roi Clovis est baptisé en 496. L’acculturation est facilitée par le type de populations migrantes : ce ne sont pas seulement des combattants qui se déplacent, mais aussi des femmes, des enfants.
Des « Barbares » sont très tôt intégrés dans l’Empire. Dès le IIIe siècle, les Francs et les Alamans originaires des régions du Rhin mais aussi les Goths et les Vandales issus du bassin du Danube concluent avec Rome des traités, appelés foedus, leur permettant de s’installer sur le territoire romain et de recevoir des terres en échange de divers services, notamment militaires. On les nomme alors peuples fédérés. Certains « Barbares » parviennent[...]
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