Le terme « autofiction » a été créé en 1977 par le romancier français Serge Doubrovsky pour caractériser son livre Fils. Pour justifier cet emploi, l’auteur, qui écarte l’idée d’une autobiographie, assure vouloir nous livrer « une fiction d’événements et de faits strictement réels ».
Cette formulation paradoxale correspond au caractère hybride de la notion d’autofiction, qui connaît aujourd’hui un réel succès en littérature. Elle recouvre des textes essentiellement centrés sur le Moi de l’auteur, que celui-ci analyse, commente - ce qui est déjà le propre de l’autobiographie -, mais réinvente et reconstruit aussi. La réalité sert bien de point de départ de l’œuvre, mais elle est profondément transformée par le travail de l’imagination, qui brouille les pistes et entretient l’ambiguïté. L’écrivain peut choisir par exemple, pour établir une distance, de s’exprimer à la troisième personne, de changer les noms des personnages ou des lieux. Nous sommes encore assez proches de ce qui est traditionnellement appelé « roman autobiographique », dont La Confession d’un enfant du siècle d’Alfred de Musset (1836) offre un exemple célèbre. L’autofiction (dénommée dans les pays anglo-saxons surfiction) veut toutefois pénétrer davantage dans[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter