Le génocide des Tutsis par des Hutus se déroule au Rwanda d’avril à juillet 1994 et cause la mort de près d’un million de personnes. C’est un projet[...]
Les origines du génocide
Le Rwanda se situe en Afrique centrale dans la région des Grands Lacs. C’est un petit pays rural au relief montagneux, ce qui lui vaut le surnom de « pays des mille collines ». Avant la colonisation européenne, c’est un royaume où coexistent trois groupes sociaux, qui parlent la même langue (le kinyarwanda) : les Hutus, agriculteurs ; les Tutsis, éleveurs ; et les Twas, artisans. L’Empire allemand prend possession du territoire après la conférence de Berlin (1885), puis les Belges en reprennent l’administration durant la Première Guerre mondiale.
Une politique raciste, qui crée une opposition entre les groupes sociaux, se met alors en place. La population est divisée selon de prétendus critères physiques ou psychologiques. En effet, la Belgique s’appuie, tout d’abord, sur les Tutsis pour administrer le pays, les considérant comme des Africains « non nègres », supérieurs aux Hutus. Dès 1931, l’administration belge appose même sur les cartes d’identité l’appartenance « ethnique » : Tutsi, Hutu, Twa. À partir des années 1950, en pleine guerre froide, la Belgique inverse sa politique et favorise dorénavant les Hutus, majoritaires sur le territoire. Elle se méfie des Tutsis en raison de leur volonté d’indépendance et de soupçons d’adhésion au communisme.
Le Rwanda obtient son indépendance en 1962, une république est instituée. Les Hutus, déjà à la tête des administrations, conservent le pouvoir. Seul leur parti est autorisé, la population est surveillée et soumise à une forte propagande. Très vite, le gouvernement procède à des discriminations et, entre 1961 et 1967, 20 000 Tutsis sont assassinés et 300 000 prennent le chemin de l’exil vers les pays voisins comme le Burundi, l’Ouganda, la République démocratique du Congo ou la Tanzanie.
En 1973, le général Juvénal Habyarimana prend le pouvoir par un coup d’État et fonde deux ans plus tard le Mouvement révolutionnaire[...]
Le déroulement du génocide
Dans la nuit du 6 au 7 avril 1994, l’avion présidentiel est abattu près de Kigali, la capitale rwandaise, causant la mort des présidents du Rwanda et du Burundi (Cyprien Ntaryamira). Les responsables de cet attentat n’ont jamais été formellement identifiés : il pourrait s’agir du FPR ou d’extrémistes hutus. Ces derniers prennent alors le pouvoir et désignent les Tutsis comme responsables. La radio des Mille Collines appelle aux meurtres et encourage les Hutus à « travailler », c’est-à-dire à exterminer les Tutsis.
Le génocide débute le 7 avril. Des barrages sont installés sur les routes par la garde présidentielle, la milice Interahamwe, mais aussi par des civils hutus. Chaque matin, ils partent « au travail ». Cela consiste à tuer tous les Tutsis, de manière méthodique sous l’ordre des autorités locales, avec l’aide de la milice. Des objets rudimentaires, comme des machettes ou des gourdins cloutés, sont utilisés. Les tueries se déroulent sur l’ensemble du territoire rwandais, dans les maisons ou dans les rues, à proximité des barrages, dans les écoles, les hôpitaux et même dans les églises, jusque-là synonymes de refuges. Les Hutus qui se montrent solidaires des Tutsis et tentent de les protéger en les cachant sont tués pour trahison.
Le FPR qui, dès le début du génocide, avait lancé une offensive vers Kigali, prend la capitale le 4 juillet. Par peur des représailles, 2 millions de Hutus fuient vers les pays[...]
Les suites du génocide
En novembre 1994, le Conseil de sécurité de l’ONU crée le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), afin de juger les personnes accusées de génocide et de crime contre l’humanité. Ce tribunal siège à Arusha de 1995 à 2015. Dans ce « génocide des voisins », le nombre de génocidaires est si important que le TPIR ne peut mener totalement à bien sa mission ; 93 personnes seulement sont mises en accusation. C’est pourquoi les dirigeants rwandais instaurent, à partir de 2001, des tribunaux populaires, les gacaca. Ces tribunaux « sur l’herbe » instruisent, en dix ans, près de 2 millions de dossiers et condamnent 800 000 personnes pour meurtre ou[...]
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