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GÉNOCIDE DES ARMÉNIENS

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Le génocide des Arméniens par l’Empire ottoman se déroule en 1915 et cause la mort de plus de 1 million de personnes. Cette extermination[...]

Les origines du génocide

À la veille de la Première Guerre mondiale, l’Empire ottoman s’étend sur la Turquie actuelle, la Syrie, l’Irak, le Liban, la Palestine et une grande partie de l’Arabie. Dans un ensemble où l’islam est la religion d’État, il comporte donc une mosaïque de peuples ayant des aspirations et des modes de vie très différents. Parmi eux, plus de 2 millions d’Arméniens chrétiens sont principalement installés en Anatolie, au nord-est de l’Empire ; on trouve également des Arméniens dans l’Empire russe voisin. Un mouvement d’émancipation des minorités parcourt l’Empire ottoman au XIXe siècle, conduisant à l’indépendance grecque ou à des soulèvements dans les Balkans. Le gouvernement du sultan Abdulhamid décide de reprendre les choses en main et mène une politique nationaliste.

Les Arméniens perdent alors progressivement leur statut de communauté protégée : une pratique systématique de spoliation de leurs biens est mise en place. Une révolte arménienne éclate en 1894. La répression est violente : jusqu’en 1896, les massacres perpétrés par un régiment spécial créé par le sultan font des milliers de morts.

Les Arméniens prennent de plus en plus conscience de l’inégalité de leurs droits par rapport à ceux des citoyens ottomans musulmans. Leurs partis politiques, comme le parti Dachnak, haussent le ton, appelant à l’émancipation, voire à l’indépendance.

Une partie[...]

Le déroulement du génocide

Talaat pacha - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Talaat pacha

En 1913, des leaders du CUP fomentent un coup d’État et s’octroient les pleins pouvoirs. L’Empire ottoman est désormais contrôlé par le triumvirat des « trois pachas » (Talaat pacha, Enver pacha, Djemal pacha).

Le déclenchement de la Première Guerre mondiale inquiète les Arméniens car leur communauté est partagée entre l’Empire ottoman, qui rejoint en octobre 1914 la coalition des empires centraux (l’Allemagne et ses alliés), et la Russie, membre de la Triple Entente et donc ennemie.

La campagne du Caucase contre les Russes, en janvier 1915, est un désastre pour les Ottomans. Pour justifier l’humiliation, le CUP accuse les Arméniens d’être responsables de la défaite militaire. Ceux-ci sont dénoncés comme « ennemis intérieurs » et commencent à être systématiquement persécutés, voire exécutés. Les soldats arméniens sous uniforme turc sont désarmés, envoyés aux travaux forcés puis fusillés. La province de Van, dans l’est de l’Anatolie, est particulièrement touchée par les exactions de l’armée ottomane, ce qui pousse les Arméniens à se soulever le 20 avril 1915. En réaction, Talaat pacha ordonne quatre jours plus tard l’arrestation de plus de 2 000 intellectuels arméniens de Constantinople (future Istanbul), capitale de l’Empire, privant la communauté de son élite. C’est le début du génocide proprement dit.

Le 30 mai, le gouvernement ottoman publie un ordre général[...]

Les suites du génocide

La déportation des Arméniens dure jusqu’à l’automne de 1916. Entre 1,2 et 1,5 million de morts sont dénombrés. L’Empire ottoman perd les deux tiers de sa population arménienne.

Les Arméniens vivant du côté russe n’ont pas été touchés par les exactions et accueillent des milliers de réfugiés. Mais la révolution de 1917 contraint l’armée russe à quitter cette zone, laissant les Arméniens seuls face à l’armée turque, qui est défaite lors de la bataille de Sardarabad. Le 28 mai 1918, l’Arménie déclare son indépendance, permise par la révolution russe, avant d’être incorporée à l’URSS deux ans plus tard.

Les Arméniens survivants restés dans l’Empire sont soit intégrés de force à la nouvelle nation turque par la conversion à l’islam, soit poussés à l’exil sans espoir de retour. Certains trouvent encore refuge en Arménie ou en Russie, mais aussi[...]

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Pour citer cet article

Encyclopædia Universalis. GÉNOCIDE DES ARMÉNIENS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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