Guillaume Apollinaire fut un poète français du début du XXe siècle. Sensible à toutes les formes de la nouveauté sans[...]
Poète, critique d’art et conteur
Guillaume Apollinaire, de son vrai nom Wilhelm de Kostrowitzky, naît à Rome le 25 août 1880 d’un père officier italien, qui ne le reconnaît pas, et d’une mère polonaise. Il fait ses études secondaires à Monaco, à Cannes et à Nice avant de suivre sa mère à Paris. L’année de ses dix-neuf ans, il effectue, avec son frère cadet Albert, un séjour dans les Ardennes belges, à Stavelot, près de Spa, où sa mère est en villégiature. De retour à Paris, il fréquente les milieux journalistiques et littéraires. En 1901, il accepte un poste de précepteur dans une famille aisée qu’il accompagne en Allemagne, près de Cologne. Il s’éprend alors de la gouvernante anglaise Annie Playden, et connaît sa première déception amoureuse : il l’exprimera dans le poème « La Chanson du mal-aimé ». Durant cette période, il visite Berlin, Dresde, Prague et Vienne. Autant de lieux qui joueront un rôle déterminant dans l’élaboration de son imaginaire poétique.
Revenu à Paris en 1902, il fait paraître dans une revue un premier texte en prose, « L’Hérésiarque », signé Guillaume Apollinaire, et commence à publier régulièrement contes et poèmes. Il fréquente le milieu artistique du[...]
L’ancien et le nouveau
Dans une conférence intitulée L’Esprit nouveau et les poètes, prononcée le 26 novembre 1917, Guillaume Apollinaire donne sa conception du métier de poète : « Le poète est celui qui découvre de nouvelles joies, fussent-elles pénibles à supporter. » Pour définir ces « nouvelles joies », il précise qu’elles « jalonnent les énormes espaces imaginatifs ». Le poète va donc élaborer une poésie neuve, qui tourne le dos aux modèles du passé. Le premier vers de « Zone », poème qui ouvre Alcools, exprime cette idée de rupture avec le passé : « À la fin tu es las de ce monde ancien. »
Apollinaire célèbre une poésie de la modernité, de l’exploration de l’imaginaire, de la conquête du merveilleux, conformément à la devise qu’il s’est choisie : « J’émerveille. » Mais il ne renie pas pour autant l’héritage des poètes lyriques (le romantisme allemand, Verlaine), comme dans « Le Pont Mirabeau », son poème le plus célèbre :
« Passent les jours et passent les semaines/ Ni temps passé/ Ni les amours reviennent. »
Apollinaire peut exprimer des thèmes personnels tels que la passion amoureuse, l’amitié, les paysages de sa jeunesse dans la série de neuf poèmes de « Rhénanes », inspirés par son séjour en Allemagne. Il peut aussi livrer des confidences (« Marie », « À la Santé », « La Chanson du mal-aimé »). Mais la forme de ses poèmes est nouvelle : il s’affranchit volontiers des contraintes de la rime ou du mètre, supprime la ponctuation. Il recourt à des métaphores audacieuses (« Des cadavres de jours rongés par les étoiles », dans « L’Émigrant de Landor Road ») et emploie un vocabulaire recherché. Dans son dernier recueil, il utilise également les ressources du poème visuel, le calligramme (les mots du poème sont écrits de manière à former un dessin), ou celles de la poésie née du quotidien, dans le poème-conversation.
Le poète sait redonner vie à des figures légendaires ou des mythes ancestraux (La Loreley, Salomé, Merlin), mais aussi célébrer des thèmes[...]
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