Cabu, un caricaturiste de presse
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Le goût et le talent du dessin se sont manifestés très tôt chez Jean Cabut (1938-2015). Dès le lycée, il réalise ses premiers croquis dans Le Petit Fum's, un petit journal créé par lui. Mal à l'aise dans une section de dessin industriel, il devient apprenti dans un studio de dessin à Paris, en alternance avec des cours d'art graphique à l'école Estienne, puis à l'académie Julian. De 1953 à 1961, il publie ses premiers dessins à L'Union de Reims. Puis Cabu voit de ses dessins publiés dans la presse à grand tirage (Ici Paris, Paris Match...).
L’entrée de Cabu au journal satirique Hara-Kiri en 1960 est une date clé dans son inspiration. Le célèbre slogan « bête et méchant » qui qualifie ce magazine est une exception dans l'espace médiatique à une époque encore respectueuse des tabous. Cabu donne aussi des dessins à Pilote, où, il donnera naissance au personnage du Grand Duduche. Cabu travaille également pour Charlie Hebdo, L'Enragé, Charlie Mensuel, La Gueule ouverte... autant de magazines marqués par une dérision féroce.
Dans les années 1970, tandis que le Grand Duduche se fait le défenseur de l'écologie, un nouveau personnage apparaît avec le Beauf. Il représente pour Cabu « le Français moyen, grande gueule, un peu lourd aussi bien physiquement qu'intellectuellement ». Ce type s'enrichit au fil du temps de variantes qui donnent de notre société une vision sans complaisance dans de nombreux journaux, très différents (Paris-Presse, Le Journal du dimanche, Le Figaro, France Soir, Le Nouvel Observateur, Télérama, Libération, Le Pèlerin, Le Canard enchaîné...).
Créateur de types humains à la manière des grands caricaturistes, Cabu avoue d'ailleurs préférer « le dessin éditorial, le dessin ramassé qui regroupe des idées et des situations ». Ses dessins donnent des personnalités politiques ou médiatiques un portrait qui rend chacun identifiable. Alliant un talent graphique sûr à une inventivité surprenante, il met en scène la dérision totale de notre actualité.
Dans le contexte du terrorisme et des attentats des années 2000, Cabu dénonce l’emprise croissante de la religion sur la société. C’est ce dernier combat qui lui a coûté la vie. Pacifiste militant, il est mort assassiné, le 7 janvier 2015, lors de l’attaque armée survenue dans les locaux de Charlie Hebdo et revendiquée par Al-Qaida dans la péninsule arabique.