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INTELLECTUEL

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Si l’adjectif « intellectuel » est entré dans la langue française au XIIIe siècle, le substantif « un(e) intellectuel(le) » est d’usage beaucoup[...]

L’artiste face à la politique

Émile Zola et l'affaire Dreyfus - crédits : Time Life Pictures/ Mansell/ The LIFE Picture Collection/ Getty Images

Émile Zola et l'affaire Dreyfus

L’introduction dans le vocabulaire courant du nom « intellectuel » est liée à l’affaire Dreyfus. Le 14 janvier 1898, le journal L’Aurore, dirigé par Georges Clemenceau, publie une tribune intitulée « Manifeste des intellectuels », en faveur de la révision du procès du capitaine Alfred Dreyfus, condamné pour espionnage au profit de l’Allemagne. Parmi les signataires, on relève les noms des écrivains Anatole France et Marcel Proust, de Léon Blum, de professeurs, d’avocats, d’architectes… et celui d’Émile Zola qui, dans les colonnes du même journal, a fait paraître la veille « J’accuse », une lettre ouverte au président de la République Félix Faure sur le même sujet.

Dès lors, le substantif « intellectuel » va désigner une personne qui met à profit son intelligence, son savoir et sa notoriété pour défendre les valeurs auxquelles elle croit. Les deux caractéristiques de l’intellectuel sont donc réunies ici : exercer une activité de l’esprit et être connu du grand public.

L’intellectuel agit bien souvent avec d’autres personnes (comités, signataires…) pour promouvoir les combats qu’il soutient. Il dépasse les limites de[...]

Le temps de l’engagement

Après la Première Guerre mondiale et la révolution russe, les clivages idéologiques se radicalisent. Ils créent une opposition entre « droite » et « gauche », plaçant les intellectuels au premier plan du débat politique. L’idéologie marxiste séduit ou inquiète, de même que les mouvements fascistes. L’intellectuel est alors amené à   « s’engager », à quitter sa « tour d’ivoire », au risque de perdre une part de sa liberté de pensée.

André Malraux - crédits : Archiv Gerstenberg/ Ullstein Bild/ Getty Images

André Malraux

Qu’il soit philosophe, écrivain, penseur, l’intellectuel « engagé » choisit son camp et met son autorité au service d’une cause qu’il croit juste. En 1934 est créé, à l’instigation du scientifique Paul Langevin et du philosophe Alain, le Comité de vigilance des intellectuels antifascistes. André Gide, André Malraux et Paul Nizan deviennent des membres actifs de l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires. Le déclenchement de la guerre d’Espagne, en 1936, conduit certains intellectuels à se faire entendre ou même à agir, comme Malraux, qui part combattre les troupes nationalistes du général Franco auprès des républicains.

Après la Seconde Guerre mondiale, l’héritage de la Résistance, la révélation de l’existence des camps d’extermination nazis, la guerre froide, la question de la décolonisation - en attendant les drames de la guerre d’Algérie - conduisent les intellectuels français à occuper encore davantage le devant de la scène.

L’écrivain et philosophe Jean-Paul[...]

Mort de l’intellectuel ?

La fin du XXe siècle et le début du XXIe correspondraient, pour certains, au « silence des intellectuels ». Après la fin de la guerre froide, celui qui tenait un discours global sur le monde, aurait disparu, remplacé désormais par des « spécialistes ». La voix des « nouveaux penseurs » (André Glucksman, Bernard-Henry Lévy, Alain Finkielkraut, Luc Ferry, Régis Debray…), pourtant très présents dans les médias, auraient grandement perdu de son influence. Le temps des polémistes et des pamphlétaires,[...]

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Encyclopædia Universalis. INTELLECTUEL [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )