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Paradoxe sur le comédien, de Denis Diderot : analyse

Dans son célèbre Paradoxe sur le comédien, Diderot va à contre-courant de l'idée qui veut que l'acteur de talent ne fasse qu'un avec son personnage.

Dans son Paradoxe sur le comédien, Diderot fait de l'insensibilité la qualité indispensable au bon comédien : « C'est l'extrême sensibilité qui fait les acteurs médiocres ; c'est la sensibilité médiocre qui fait la multitude des mauvais acteurs ; et c'est le manque absolu de sensibilité qui prépare les acteurs sublimes. » Sensibilité : entendons émotion, émotivité, l'ensemble de ces impulsions auxquelles on s'abandonne sans les contrôler. Le comédien sensible est inégal d'une représentation à l'autre, d'une scène à l'autre ; il n'est même, à la limite, que l'acteur d'un seul rôle. Le grand comédien, lui, grâce « à l'étude des grands modèles, à la connaissance du cœur humain, à l'usage du monde, au travail assidu, à l'expérience et à l'habitude du théâtre », possède « une égale aptitude à toutes sortes de caractères et de rôles ». Sur scène, il est de « sang froid ». C'est parce qu'il n'éprouve pas l'émotion qu'il représente qu'il peut faire éprouver aux spectateurs l'effet suscité par cette émotion ; il n'est pas là pour pleurer, mais pour faire pleurer : « Tout son talent consiste non pas à sentir, comme vous le supposez, mais à rendre si scrupuleusement les signes extérieurs du sentiment, que vous vous y trompiez. »



Pour citer l'article : « Paradoxe sur le comédien, de Denis Diderot : analyse », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL : http://junior.universalis.fr/document/paradoxe-sur-le-comedien-de-denis-diderot-analyse/

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