Les Précieuses ridicules, de Molière : de la farce à la satire
Ce document est lié à l'article «
Créée en 1659, la pièce de Molière parodie la préciosité, un mouvement très en vogue dans les salons parisiens depuis 1650. L'importance qu'elle donne au beau langage, à la conversation et à la primauté de la femme en fait un véritable phénomène social.
Les Précieuses ridicules sont, pour la forme, une farce. Ce genre de littérature théâtrale, à cette époque, a ses lois nettement fixées. La farce est une pièce en un acte. L'intrigue est très simple : un mauvais tour joué à un sot (ou à une sotte). Les personnages sont des types. De pièce en pièce, on retrouve ainsi certains personnages, avec les mêmes noms, les mêmes silhouettes, les mêmes tics. Pour mieux marquer ce caractère « typique », ils portent souvent un masque qu'ils conservent de pièce en pièce, comme faisaient d'ailleurs Arlequin, Trivelin et leurs camarades. Tous ces traits se retrouvent dans la farce des Précieuses ridicules : pièce en un acte, mauvais tour joué à deux sottes ; personnages typiques (Gorgibus, le « vieux Gaulois » trop attaché à des idées surannées ; Mascarille le marquis à la mode ; Jodelet le valet de tant de comédies contemporaines).
Toutefois, si Molière conçoit Les Précieuses ridicules comme une farce, il donne à sa pièce une signification qu'aucune farce n'avait encore possédée. Il y fait la satire d'une mode qui triomphe alors dans la société de l'aristocratie parisienne. Il outre le ridicule, il pousse jusqu'à la caricature et, quoi qu'on en ait dit, il fait parler à ses précieuses un langage qui n'était celui d'aucun salon de Paris. Mais cette caricature est vraie d'une vérité supérieure, de la même vérité que les grands caricaturistes italiens de l'époque savaient mettre dans les visages et les silhouettes de leurs personnages.