Le Tombeau d’Edgar Poe, de Stéphane Mallarmé (extrait)
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Dans une série de sonnets, Stéphane Mallarmé rend hommage à des artistes qui ont marqué leur temps : Baudelaire, Wagner, Verlaine et, ici, Edgar Allan Poe. Chacun de ces textes précise sa conception de l’œuvre poétique.
Tel qu'en Lui-même enfin l'éternité le change,
Le Poète suscite avec un glaive nu
Son siècle épouvanté de n'avoir pas connu
Que la mort triomphait dans cette voix étrange!
Eux, comme un vil sursaut d'hydre oyant jadis l'Ange
Donner un sens plus pur aux mots de la tribu
Proclamèrent très haut le sortilège bu
Dans le flot sans honneur de quelque noir mélange.
Du sol et de la nue hostiles, ô grief!
Si notre idée avec ne sculpte un bas-relief
Dont la tombe de Poe éblouissante s'orne
Calme bloc ici-bas chu d'un désastre obscur,
Que ce granit du moins montre à jamais sa borne
Aux noirs vols du Blasphème épars dans le futur.
Source : Stéphane Mallarmé, Poésies, « Le Tombeau d’Edgar Poe », 1899