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Le Grand Meaulnes, d’Alain-Fournier (extrait) : l’impossible portrait

Lorsqu'elle apparaît à Augustin Meaulnes, Yvonne de Galais a la magie d'une apparition. Dans son roman, Alain-Fournier insiste précisément sur cette difficulté à fixer des traits identifiables et à les rassembler en un véritable portrait.

Cependant, les deux femmes passaient près de lui et Meaulnes, immobile, regarda la jeune fille. Souvent, plus tard, lorsqu'il s'endormait après avoir désespérément essayé de se rappeler le beau visage effacé, il voyait en rêve passer des rangées de jeunes femmes qui ressemblaient à celle-ci. L'une avait un chapeau comme elle et l'autre son air un peu penché ; l'autre son regard si pur ; l'autre encore sa taille fine, et l'autre avait aussi ses yeux bleus : mais aucune de ces femmes n'était jamais la grande jeune fille.

Meaulnes eut le temps d'apercevoir, sous une lourde chevelure blonde, un visage aux traits un peu courts, mais dessinés avec une finesse presque douloureuse. Et comme déjà elle était passée devant lui, il regarda sa toilette, qui était bien la plus simple et la plus sage des toilettes...

Source : Alain-Fournier, Le Grand Meaulnes, 1913 (extrait)



Pour citer l'article : « Le Grand Meaulnes, d’Alain-Fournier (extrait) : l’impossible portrait », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL : http://junior.universalis.fr/document/le-grand-meaulnes-d-alain-fournier-extrait-l-impossible-portrait/

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