Gargantua, de François Rabelais : un roman de formation
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Avec Gargantua (1535), François Rabelais se sert habilement de la parodie pour exposer les idées qui lui sont chères.
Dans son Gargantua, Rabelais raconte la vie du père de Pantagruel, héros de son précédent livre. Il reprend le même schéma qui transforme le roman chevaleresque en épopée burlesque : nous assistons à la formation du jeune prince, puis à ses exploits contre le roi Picrochole, un voisin belliqueux. Mais le ton et l'intention semblent différents : Rabelais affirme qu'il a voulu instruire le lecteur en lui proposant un « plus haut sens ».
Si la critique ne méconnaît pas l'intention parodique, il n'en reste pas moins que le programme pédagogique et la pensée politique de Rabelais se sont précisés. Plusieurs chapitres sont consacrés à l'éducation du jeune géant selon les préceptes humanistes : apprentissage des langues anciennes, lecture des textes, méthode active. En outre, le conflit avec Picrochole permet à l'auteur de dénoncer les absurdités de la guerre.
Plus que le Pantagruel, en effet, ce deuxième roman est un livre d'actualité, les ambitions récentes de l'empereur Charles Quint constituant une menace pour la France. À cette folie meurtrière s'opposent le cycle de la vie, célébré dans les beuveries des « bien ivres », et une joie de vivre incarnée par Frère Jean, moine rieur et gourmand. Gargantua lui fait cadeau d'une abbaye où la vie est aimable : c'est Thélème, mot grec qui signifie « libre volonté ».