Voyage au bout de la nuit, de Louis-Ferdinand Céline : un roman événement
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Publié en 1932, le roman de Louis-Ferdinand Céline Voyage au bout de la nuit obtient le prix Renaudot. Il divise violemment la critique.
Dès sa publication aux éditions Denoël, l'ouvrage agite et divise critiques et lecteurs. Certains rejettent avec dégoût ce qu'ils jugent être une monstruosité littéraire élaborée dans le seul et vain dessein de choquer à tout prix. La plupart parlent aussitôt de chef-d'œuvre, pour des raisons d'ailleurs diverses. Les uns, de droite, saluent en Céline un grand humaniste, doué d'un génie pamphlétaire, capable de dire crûment son fait à une civilisation oublieuse de ses valeurs et de ses vertus : parmi eux, on compte notamment Léon Daudet. Les autres, de gauche, tels Nizan et surtout Trotski qui préfacera la traduction russe de Voyage, célèbrent le critique féroce des tares de la société bourgeoise : impérialisme, colonialisme, taylorisme, capitalisme... Tous, en tout cas, s'accordent à souligner les énormes bouleversements opérés par Céline en matière de style et d'expression (mélange des registres de langage, subversion de la syntaxe traditionnelle, confusion des signes de l'écriture et de ceux de l'oralité...).