Vouloir, pouvoir, savoir : le projet d’Honoré de Balzac
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Le grand projet de La Comédie humaine se nourrit de la pensée du 19e siècle. Honoré de Balzac emprunte aux sciences les plus diverses pour construire un système narratif qui vise à embrasser la société dans son entier.
Tels Faust ou Prométhée, selon les cas, Balzac et certains de ses personnages visent à connaître le secret de l'homme et du monde. Trois pôles balisent le champ de l'énergie humaine : vouloir, pouvoir, savoir. On peut laisser ici la parole au marchand de curiosités de La Peau de chagrin, qui propose un résumé exact d'une pensée centrale de La Comédie humaine : « Je vais vous révéler en peu de mots un grand mystère de la vie humaine. L'homme s'épuise par deux actes instinctivement accomplis qui tarissent les sources de son existence. Deux verbes expriment toutes les formes que prennent ces deux causes de mort : vouloir et pouvoir. Entre ces deux termes de l'action humaine, il est une autre formule dont s'emparent les sages, et je lui dois le bonheur de ma longévité. Vouloir nous brûle et pouvoir nous détruit, mais savoir laisse notre faible organisation dans un perpétuel état de calme. Ainsi le désir ou le vouloir est mort en moi, tué par la pensée ; le mouvement ou le pouvoir s'est résolu par le jeu naturel de mes organes. »