Un art de raconter : la saga
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Les « sagas du passé » ou « sagas de familles », qui sont les plus connues, ont immortalisé le genre. Elles rapportent en général les faits et gestes de quelque illustre ancêtre ayant vécu au 10e ou au 11e siècle.
Ce qui fait de ces sagas des ouvrages inimitables, c'est leur simplicité, sans embellissements complaisants ni interventions personnelles. Les descriptions de la nature sont quasi inexistantes, elles contiennent peu de concessions à la sensibilité du lecteur, on y trouve encore moins d'appels au pathétique. De même, on reste frappé de l'étonnante économie de moyens mis en œuvre, tandis que l'humour froid ou l'ironie dense qui marquent ce style, la rigueur de la composition et le don de la formule gravent dans la mémoire les scènes et les héros.
Quant aux personnages dont il est question, ils intéressent non seulement par ce qu'ils font, mais aussi et surtout par leur exaltation de la volonté et leur conception originale du destin. Instruits de leur sort par une constante intervention du surnaturel (présages, prédictions, rêves prémonitoires, visions), ils ne maudissent ni ne se lamentent, mais ils mettent leur point d'honneur à l'accomplir sans défaillir, dans une inébranlable obstination. La fin de la saga est toujours, au sens profond du terme, un achèvement.