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Salammbô, de Gustave Flaubert (extrait) : évoquer l’Orient

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Dans Salammbô (1862), Gustave Flaubert cherche à la fois à évoquer l'Orient, qu'il a découvert dans ses voyages, et à donner le sentiment de l'Antiquité, puisque le roman se déroule à Carthage au moment de sa toute-puissance. Pour décrire l'aube qui se lève sur la ville, il emploie des notations très colorées, joue des contrastes à la manière des peintres et emploie des noms de lieux qui renforcent le sentiment d'étrangeté.

Mais une barre lumineuse s'éleva du côté de l'Orient. À gauche, tout en bas, les canaux de Mégara commençaient à rayer de leurs sinuosités blanches les verdures des jardins. Les toits coniques des temples heptagones, les escaliers, les terrasses, les remparts, peu à peu, se découpaient sur la pâleur de l'aube ; et tout autour de la péninsule carthaginoise une ceinture d'écume blanche oscillait tandis que la mer couleur d'émeraude semblait comme figée dans la fraîcheur du matin. Puis à mesure que le ciel rose allait s'élargissant, les hautes maisons inclinées sur les pentes du terrain se haussaient, se tassaient telles qu'un troupeau de chèvres noires qui descend des montagnes. Les rues désertes s'allongeaient ; les palmiers, çà et là sortant des murs, ne bougeaient pas ; les citernes remplies avaient l'air de boucliers d'argent perdus dans les cours, le phare du promontoire Hennormaeum commençait à pâlir. Tout en haut de l'Acropole, dans le bois de cyprès, les chevaux d'Eschmoûn, sentant venir la lumière, posaient leurs sabots sur le parapet de marbre et hennissaient du côté du soleil.

Source : Gustave Flaubert, Salammbô, 1862 (extrait)

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Encyclopædia Universalis. Salammbô, de Gustave Flaubert (extrait) : évoquer l’Orient [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )