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Nana, d’Émile Zola (extrait) : un portrait en situation

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Le roman d'Émile Zola s'ouvre sur une représentation d'un opéra-bouffe au Théâtre des Variétés, où Nana incarne Vénus. Le romancier décrit donc son héroïne sur scène, offerte aux yeux de tous, en insistant sur les traits qui la rendent immédiatement désirable.

Nana, cependant, en voyant rire la salle, s’était mise à rire. La gaieté redoubla. Elle était drôle tout de même, cette belle fille. Son rire lui creusait un amour de petit trou dans le menton. Elle attendait, pas gênée, familière, entrant tout de suite de plain-pied avec le public, ayant l’air de dire elle-même d’un clignement d’yeux qu’elle n’avait pas de talent pour deux liards, mais que ça ne faisait rien, qu’elle avait autre chose. Et, après avoir adressé au chef d’orchestre un geste qui signifiait : « Allons-y, mon bonhomme ! » elle commença le second couplet :

À minuit, c’est Vénus qui passe...

C’était toujours la même voix vinaigrée, mais à présent elle grattait si bien le public au bon endroit, qu’elle lui tirait par moments un léger frisson. Nana avait gardé son rire, qui éclairait sa petite bouche rouge et luisait dans ses grands yeux, d’un bleu très clair. À certains vers un peu vifs, une friandise retroussait son nez dont les ailes roses battaient, pendant qu’une flamme passait sur ses joues. Elle continuait à se balancer, ne sachant faire que ça. Et on ne trouvait plus ça vilain du tout, au contraire ; les hommes braquaient leurs jumelles.

Source : Émile Zola, Nana, 1880 (extrait)

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Encyclopædia Universalis. Nana, d’Émile Zola (extrait) : un portrait en situation [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )