Mousson : un terme de navigation
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Pour les marins de l'Antiquité, la mousson désigne un phénomène météorologique, le renversement périodique des vents, qu'ils savaient mettre à profit.
Le mot « mousson » (terme dérivé du mot arabe mausim, « saison ») fut inventé par les navigateurs utilisant les vents alternants qu'ils désignaient ainsi pour traverser la mer d'Oman à la voile. Depuis l'Antiquité, en effet, les entrepôts de la côte du Malabar, au sud-ouest de l'Inde (Cranganore et, plus tard, Calicut, Cochin) n'ont cessé d'exporter des épices vers le monde méditerranéen. Aux productions locales s'ajoutaient des épices venant d'autres régions de l'Asie, dont, au passage, les médecins locaux ont exploité les propriétés thérapeutiques pour combattre rhumatismes et fièvres. C'est la mousson qui fit de cette région le « pays des épices » par excellence, en lui donnant le rôle de plaque tournante dans le commerce des épices.
La mousson a commandé pendant 2 millénaires (jusqu'à l'avènement des bateaux à vapeur) le trafic dans la mer d'Oman. D'après le témoignage de Strabon, géographe gréco-romain, on savait déjà, en 25 av. J.-C., tirer parti de la mousson pour une traversée directe. « On voyait jusqu'à 120 navires mettre à la voile [sur les bords de la mer Rouge] pour l'Inde », où on venait chercher le poivre, le gingembre, la cannelle et bien d'autres épices. Le retournement des vents 2 fois par an permettait de cingler en été du sud de l'Arabie par l'île de Socotra jusqu'à la côte du Malabar, et d'en revenir en hiver.