Lorenzaccio, d’Alfred de Musset : un drame romantique
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Dans Lorenzaccio, écrit en 1834, un an après la création de Lucrèce Borgia de Victor Hugo, Alfred de Musset choisit pour modèle les grandes tragédies de Shakespeare. Cette pièce de théâtre est aussi pour lui un moyen de dénoncer les petitesses de son temps.
À travers la peinture d'une Florence de la Renaissance revue et corrigée par un Musset fasciné par l'Italie, c'est la France de 1833 qui se raconte dans Lorenzaccio, avec ses désillusions : de même que Côme remplace Alexandre, Louis-Philippe, roi « bourgeois », a remplacé Charles X. Le ton, pour être grave, est souvent ironique. Musset maintient la distance, refusant de célébrer un héros dont la cause est perdue : Lorenzaccio meurt avec un sentiment d'échec, sans vraiment savoir ce qu'il a combattu ni pour qui, sinon « un peuple d'esclaves ».
Musset se met ici en scène sous les traits de Lorenzaccio, enfant d'un siècle à l'identité vacillante qui n'offre d'autre perspective que l'ennui, l'impuissance, le néant : « Ah ! les mots, les mots, les éternelles paroles ! S'il y a quelqu'un là-haut, il doit bien rire de nous tous ; cela est très comique, très comique, vraiment. – Ô bavardage humain ! ô grand tueur de corps morts ! grand défonceur de portes ouvertes ! ô hommes sans bras ! » (IV, 9).