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Les mouvements de mode

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Parallèlement aux cycles de la mode, souvent appelés « tendances », naissent des mouvements de mode dénommés « états d'esprit » ou « mouvements alternatifs » ou encore « looks ». Ils développent, en complément de la panoplie de leur parure, un langage, une éthique et une esthétique spécifiques, comme dans les années 1980 les groupes de musique punk ou rap. L'examen de certains de ces mouvements de groupes qui se fixent une règle de vie et un style de comportement originaux en révèle la diversité.

La mode révolutionnaire portée par les sans-culottes « fascine par la théâtralité de ces gestes. Le négligé, le débraillé, le bonnet rouge réservé aux autorités et évoquant la coiffure des forçats, le pantalon qui est le vêtement des travailleurs [...] sont des valeurs authentiques [...] exprimant une culture pour une liberté autre ».

Au lendemain de la mort de Robespierre, les Muscadins semblent en revanche proclamer par leur tenue la restauration de la monarchie. Ils adoptent le port d'une redingote vert bouteille ou noire (couleurs de royauté ou de deuil), de la culotte à la française, et poudrent leurs longs cheveux qu'ils tressent. Sous le Directoire, toute la jeunesse aisée emboîte le pas. Les Incroyables et les Merveilleuses multiplient les signes de reconnaissance particuliers : les Merveilleuses arborent par exemple une robe en mousseline ou en gaze transparentes, portent des cothurnes, en référence à l'Antiquité, et brandissent des éventails, manifestes politiques à l'effigie du roi guillotiné...

Célébré par les écrivains et les poètes Byron, Balzac, Barbey d'Aurevilly, Baudelaire, Oscar Wilde, Robert de Montesquiou et Marcel Proust, le dandysme marque la mode masculine. L'esprit et le goût vestimentaire de George Bryan Brummell avaient conquis le prince de Galles, futur George IV, et les cercles aristocratiques. De fait, sa volonté de ne pas se faire remarquer a « pour l'époque quelque chose de tout à fait spectaculaire et prend l'exact contre-pied de la tendance d'alors [...]. Brummell [...] valorise la propreté et la rigueur de l'amidon, et lance le pantalon long ».

C'est au 20e siècle que les mouvements de mode prolifèrent. Les zazous osent ainsi, en 1941-1942, pendant les sombres années de l'Occupation allemande, des extravagances sévèrement dénoncées, en vertu de réglementations prises régulièrement par le Comité national du vêtement. Les paroles de la chanson Les Zazous de M. Martelier, sur une musique de J. Hess, décrivaient ce phénomène :


« Les ch'veux frisottés / Le col haut de dix-huit pieds
Ah ! ils sont zazous !
Le doigt comme ça en l'air
Le veston qui train par terr'
Ah ! ils sont zazous !
Ils ont des pan-ta-lons d'une coupe inouïe
Qui arrive un peu en dessous du g'nou
Et qu'il pleuve ou qu'il vente
Ils ont un parapluie, de grosses lunettes noires et puis surtout
Ils ont l'air dé-gou-tés
Tous ces petits a-gi-tés
Ah ! ils sont zazous ! »

Plusieurs ouvrages proposent le lexique des mouvements de mode contemporains, de « B.C.B.G. » à « punks » en passant par « beatniks », « blousons noirs », « sapeurs », « hippies », « babas », « new wave ». En réaction à la mode hippie, le mouvement punk est né en Angleterre au milieu des années 1970.

Pour citer ce document

Encyclopædia Universalis. Les mouvements de mode [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )