Les Destinées, d’Alfred de Vigny (extrait)
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Publié en 1864, un après sa mort, Les Destinées est le testament poétique d'Alfred de Vigny. On y retrouve, portée à son plus haut degré, une thématique déchirée entre recherche du Bien et pessimisme. À ce titre, « La Maison du berger » est à la fois une célébration de la nature et de la femme aimée.
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Si ton corps, frémissant des passions secrètes,
S'indigne des regards, timide et palpitant ;
S'il cherche à sa beauté de profondes retraites
Pour la mieux dérober au profane insultant ;
Si ta lèvre se sèche au poison des mensonges,
Si ton beau front rougit de passer dans les songes
D'un impur inconnu qui te voit et t'entend :
Pars courageusement, laisse toutes les villes ;
Ne ternis plus tes pieds aux poudres du chemin ;
Du haut de nos pensers vois les cités serviles
Comme les rocs fatals de l'esclavage humain.
Les grands bois et les champs sont de vastes asiles,
Libres comme la mer autour des sombres îles.
Marche à travers les champs une fleur à la main.
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Source : Alfred de Vigny, Les Destinées, 1864 (extrait)