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Les accords de Matignon

Ce document est lié à l'article «  FRONT POPULAIRE  ».

Au lendemain de la victoire électorale du Front populaire, un important mouvement de grèves paralyse la France. Les négociations engagées entre syndicats et patronat, sous les auspices du nouveau président du Conseil, Léon Blum, aboutissent, dans la nuit du 7 au 8 juin 1936, à la signature des accords de Matignon.

« Les délégués de la Confédération générale de la production française et de la C.G.T. se sont réunis sous la présidence de Monsieur le Président du Conseil, et ont conclu l’accord ci-après, après arbitrage de Monsieur le Président du Conseil :
Art.1. La délégation patronale admet l’établissement immédiat de contrats collectifs de travail.
Art.2. Ces contrats devront comprendre notamment les articles 3 à 5 ci-après.
Art.3. L’observation des lois s’imposant à tous les citoyens, les employeurs reconnaissent la liberté d’opinion, ainsi que le droit pour les travailleurs d’adhérer librement et d’appartenir à un syndicat professionnel constitué en vertu du livre III du Code du travail. Les employeurs s’engagent à ne pas prendre en considération le fait d’appartenir ou de ne pas appartenir à un syndicat pour arrêter leurs décisions en ce qui concerne l’embauchage, la conduite ou la répartition du travail, les mesures de discipline ou de congédiement […]
Art.4. Les salaires réels pratiqués pour tous les ouvriers à la date du 25 mai 1936 seront, du jour de la reprise du travail, rajustés suivant une échelle décroissante commençant à 15 p. 100 pour les salaires les moins élevés pour arriver à 7 p. 100 pour les salaires les plus élevés, le total des salaires de chaque établissement ne devant, en aucun cas, être augmenté de plus de 12 p. 100 […]
Art.5. En dehors des cas particuliers déjà réglés par la loi, dans chaque établissement comprenant plus de 10 ouvriers, après accord entre organisations syndicales, ou, à défaut, entre les intéressés, il sera institué deux ou plusieurs délégués ouvriers selon l’importance de l’établissement. Ces délégués ont qualité pour présenter à la direction les réclamations individuelles qui n’auraient pas été directement satisfaites, visant l’application des lois, décrets, règlements du Code du travail, des tarifs de salaires, et des mesures d’hygiène et de sécurité […]
Art.6. La délégation patronale s’engage à ce qu’il ne soit pris aucune sanction pour faits de grève.
Art.7. La délégation confédérale ouvrière demande aux travailleurs en grève de décider la reprise du travail dès que les directions des établissements auront accepté l’accord général intervenu et dès que les pourparlers relatifs à son application auront été engagés entre les directions et le personnel des établissements. »

Source : accords de Matignon, signés le 7 juin 1936 (extraits)

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Pour citer ce document

Encyclopædia Universalis. Les accords de Matignon [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )