Le Soulier de satin, de Paul Claudel : retour au baroque
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Poème cosmique de la chrétienté ou, comme l'écrivait Paul Claudel, « énorme pièce dans le style espagnol avec une multitude de scènes qui se passeront à tous les coins de la terre et même dans l'autre monde », Le Soulier de satin, publié en 1929, constitue une somme démesurée.
Le Soulier de satin se présente comme une architecture baroque où la contre-courbe répond à la courbe, où les motifs sont presque tous dédoublés : à la tragique Prouhèze répond ainsi l'euphorique doña Musique. Les indications de mise en scène ont beau recommander « que tout ait l'air provisoire, en marche, bâclé, incohérent, improvisé dans l'enthousiasme », c'est un fait qu'à travers le mouvement et le tumulte tout s'enchaîne avec un art consommé. Il faut avoir assisté à une représentation de cette pièce démesurément longue pour constater que l'attention ne fléchit pas un instant dans la salle. Il suffit de prêter l'oreille pour entendre le rythme dramatique de Sophocle et de Shakespeare.
