Le rêve éveillé chez Gérard de Nerval
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« L'épanchement du songe dans la vie réelle » : cette phrase pourrait caractériser toute l’œuvre de Gérard de Nerval. De même, mémoire et fiction sont chez lui inséparables.
Dans Sylvie, une nouvelle incorporée aux Filles du feu, Gérard de Nerval remonte aux premières années de son existence. Il évoque le charme vaporeux du Valois et transpose les premières émotions de son cœur. À la grâce naïve de Sylvie s'oppose le prestige rayonnant d'une jeune fille destinée au couvent, Adrienne. Le narrateur, délaissant le réel pour l'idéal, sacrifie l'amicale Sylvie au souvenir de l'inaccessible Adrienne dont il poursuit vainement le fantôme. Il croira en découvrir, beaucoup plus tard, une incarnation nouvelle dans la comédienne Aurélie. Mais Aurélie se dérobe ; Adrienne et Sylvie lui ont déjà échappé. Conscient de son échec, il est rendu à une solitude désespérée. Nerval a vécu une aventure analogue à celle de ce narrateur : Sylvie ressemble aux petites paysannes du Valois qui furent ses compagnes ; Adrienne rappelle ses rêves d'adolescent ; Aurélie est une image de Jenny Colon.