Le métier de rabbin
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Ernest Gugenheim, une des grandes figures du judaïsme français de l’après-guerre, explique la place et le rôle du rabbin dans les communautés juives.
À l'époque talmudique, aussi bien en Palestine qu'en Babylonie, le rabbinat n'était pas une profession organisée, car « il est interdit de faire de la Torah un instrument de travail ». Le rosh yeshiba, certes, consacrait tout son temps à la direction des académies talmudiques, veillant à ce que ses élèves ne manquent pas les travaux des champs dont ils tiraient leur subsistance. Mais la plupart des sages (honorés du titre de rab, rabban ou hakham) exerçaient des métiers d'artisans (forgerons, cordonniers, scribes) ou s'adonnaient au commerce ou à l'agriculture.
Le « rabbinat classique » est apparu en Europe vers le 12e siècle et s'est caractérisé essentiellement comme un phénomène urbain. […] De cette époque probablement date le rabbinat professionnel, dont le représentant se voit contraint d'accepter un salaire de la communauté qui l'a engagé librement. […] Le souvenir de l'ancien état de choses s'est cependant maintenu, et il existait encore des rabbins bénévoles qui assuraient leur subsistance par une activité professionnelle autre, certains étant même suffisamment riches pour subvenir à l'entretien de leurs élèves. Jusqu'à une époque récente, surtout dans les grands centres religieux, chaque rabbin célèbre fondait sa yeshivah (centre d’étude de la Torah et du Talmud), regardant toujours l'enseignement comme sa tâche essentielle.
Animateur spirituel de sa communauté, le rabbin n'est en aucune façon un prêtre ; il ne joue pas le rôle d'intermédiaire entre Dieu et les hommes ; il ne confesse ni n'absout ; il n'a pas l'exclusivité de la célébration des offices (réservée au hazan professionnel ou bénévole) ni de la bénédiction des fidèles (qui est plutôt du ressort des descendants d'Aaron, les cohanim ou cohen) : le rabbin est, avant tout, le maître qui guide et qui instruit.