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Le Grand Meaulnes, d’Alain-Fournier (extrait) : la fête étrange

Égaré dans une région désolée du Cher, un soir d'escapade, le jeune Augustin Meaulnes pénètre dans un château, royaume insolite où se côtoient forains, enfants, comédiens. Là se déroule « la fête étrange » qui marquera profondément son esprit.

Meaulnes, avec précaution, allait poser d'autres questions, lorsque parut à la porte un couple charmant : une enfant de seize ans avec corsage de velours et jupe à grands volants ; un jeune personnage en habit à haut col et pantalon à élastiques. Ils traversèrent la salle, esquissant un pas de deux ; d'autres les suivirent ; puis d'autres passèrent en courant, poussant des cris, poursuivis par un grand pierrot blafard, aux manches trop longues, coiffé d'un bonnet noir et riant d'une bouche édentée. Il courait à grandes enjambées maladroites, comme si, à chaque pas, il eût dû faire un saut, et il agitait ses longues manches vides. Les jeunes filles en avaient un peu peur ; les jeunes gens lui serraient la main et il paraissait faire la joie des enfants qui le poursuivaient avec des cris perçants. Au passage il regarda Meaulnes de ses yeux vitreux, et l'écolier crut reconnaître, complètement rasé, le compagnon de M. Maloyau, le bohémien qui tout à l'heure accrochait les lanternes.

Source : Alain-Fournier, Le Grand Meaulnes, 1913 (extrait)



Pour citer l'article : « Le Grand Meaulnes, d’Alain-Fournier (extrait) : la fête étrange », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL : http://junior.universalis.fr/document/le-grand-meaulnes-d-alain-fournier-extrait-la-fete-etrange/

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