Le dopage d’État en République démocratique allemande
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Les dirigeants de la République démocratique allemande souhaitaient, dans les années 1960, faire accélérer la reconnaissance internationale de leur pays. Ils pensaient que de brillants résultats sportifs aux jeux Olympiques pouvaient les y aider. Ainsi, Walter Ulbricht, président du Conseil d’État de la République démocratique allemande, appelaient les champions des « diplomates en survêtement ». Ce n’est qu’après la chute du Mur de Berlin, en 1989, que l’ampleur du dopage en République démocratique allemande fut révélée.
La Stasi (police secrète) a détruit beaucoup de ses archives avant la chute du Mur de Berlin, mais pas toutes. L’analyse des documents restants permettra de révéler toute la mécanique sportive est-allemande. Celle-ci fut instituée au mépris de l’éthique, mais surtout de la santé des sportifs. « Médecins » et « scientifiques » avaient carte blanche pour élaborer des techniques de dopage sophistiquées et contourner les contrôles. Plus de 10 000 sportifs ont subi ce dopage contraint. Des programmes planifiaient soigneusement le dopage organisé. Il touchait chaque année 2 000 personnes, surtout les filles : toutes ces gamines absorbaient des pilules qualifiées de « vitamines » par leurs entraîneurs (il s’agissait le plus souvent de stéroïdes anabolisants et de produits androgènes qui entravaient leur maturation sexuelle, provoquaient une acné sévère et une altération de la voix). Avant toutes les grandes compétitions internationales, des tests antidopage locaux permettaient de s’assurer que les contrôles officiels donneraient un résultat négatif : en cas de doute, le sportif n’était pas inscrit pour la compétition…
Des procès auront lieu : en 2000, les 2 plus hauts responsables du sport est-allemands, Manfred Ewald et Manfred Höppner, sont condamnés par un tribunal de Berlin pour « complicité de blessures corporelles » sur 142 jeunes athlètes est-allemandes. Leurs peines : 22 mois et 18 mois de prison respectivement, avec sursis. Un verdict peu sévère au regard de milliers de vies brisées et de 20 années d’imposture olympique…